ARTISTES CONTEMPORAINS


BARYE


(1795-1875)
Al’extrémité de l’ile Saint-Louis, le monument Barjm se dresse, ombragé de quelques arbres, sur un terre-plein que baignent deux bras de la Seine. C’est là un des aspects les plus paisibles, les plus larges, les plus mélancoliques aussi, de cette petite province au charme pénétrant qui forme comme une ville à part dans la ville même et que la rivière sépare des violences et des profondeurs de Paris. Il est émouvant de venir rêver au passé romantique dans ce décor qui fut cher aux vieux maîtres du xixe siècle. Non loin d’ici s’ouvre le paysage du Pont Marie, aimé deDaubigny. Près de l’hôtel Lambert, voici la façade d une noire maison, aux proportions sévères, qui abrita Dupré, Boulard le père et le statuaire Geoffroy Dechaume. En face, quai des Célestins, vécut Barye.
Entre les statues décoratives de l’Ordre et de la Force, sur une stèle que surmonte le furieux combat du Centaure et du Lapithe, derrière le Lion au serpent, l’effigie du maître se détache dans un médaillon modeste.
A l’image en pied des tribuns, des inventeurs et des philanthropes, aux véhémences des redingotes envolées, à l’emphase du bronze et du marbre qui aggrave intégralement la laide stature de l’homme moderne, il oppose
sa simplicité. Sa statue, ce sont ses œuvres. Ainsi son existence disparaît derrière son labeur. Le maître est tout entier dans son testament d’artiste.
On aime ces vies recueillies qui se prodiguent sans se disperser. Barye n’a rien caché de la sienne, mais, jaloux de silence et de solitude, il n’a