ses sujets, ses thèmes d’inspiration et son esprit, sans voir nettement quels rapports ou quelles différences techniques unissaient ou séparaient les deux arts, ni de quelle manière il était possible d’utiliser au profit de l’un les ressources d’expression de l’autre. C’est l’époque de la sculpture pittoresque, dans le sens le plus vulgaire du terme. Alors le jury du Salon de 1834 refusait le groupe de Préault, les Parias, espèce de vignette en plâtre, composée en arabesque comme un frontispice de Nanteuil, qui, d’ailleurs, la lithographia pour l’Artiste. La petite sculpture et les arts précieux en particulier sont envahis par toutes les mièvreries de l’illus
tration anecdotique. Autour de miroirs en bois sculpté, MIIe de Fauveau costume ingénieusement ses cavaliers et ses dames Louis XIII. Le bric-à- brac des ateliers de peintre est mis à profit par l’art sévère entre tous, — mais il n’est pas question pour les statuaires de demander à la peinture d’autres enseignements, pour exprimer le dessin de la forme en mouve
ment ou la puissance des valeurs, pour attaquer la matière par larges plans simples sur lesquels se répartit franchement la lumière à la manière des grands coloristes anciens dans leurs ébauches.
Cependant, l’influence, qui s’exerçait mal et à contre-sens, de la peinture sur la sculpture déterminait inversement quelques résultats
inattendus et heureux. C’est ainsi que Delacroix copiait et lithographiait pour l’Artiste, avec une exceptionnelle puissance de relief, des médailles antiques dont la force de synthèse anatomique se retrouve dans les dessins et les esquisses de ses peintures décoratives. D’autre part, Daumier, pour modeler avec plus de franchise, plus de caractère et plus d’accent, éprouvait le besoin, on le sait, d’exécuter des maquettes de terre qu’il interposait en quelque sorte entre la réalité de ses personnages et ses propres dessins.
Chez les statuaires, Rude et David, par l’ordonnance décorative et par le mouvement de leurs grandes compositions, furent les premiers à sentir vraiment leur art en peintres, sans sortir des limites naturelles de la sculpture ; ils réussissaient où échouait Préault, enfiévré de se dépasser, possédé par la rage du « tempérament» à tout prix. Sa fameuse Tuerie est un magnifique chaos où les formes ne semblent plus limitées dans l’espace, mais s’étreignent, se pénètrent et se brutalisent avec une sorte de fureur épique qui n’est pas sans grandeur ; on sent que la matière n’est pas assez