UNE NOUVELLE VIERGE DE CLAUS SLUTER


Parmi les sculptures de la fin du moyen âge, celles qui sortent de l’atelier dijonnais de Glaus Sluter sont à bon droit célèbres. Nul n’ignore aujourd’hui,
parmi les historiens ou les amateurs d’art, les statues de l’église et du puits de la Chartreuse de Champmol, ni les discussions auxquelles elles ont donné lieu 1.
Tout avait été dit sur ce sujet, semblait-il, et Ton attendait avec scepticisme la découverte qui permet
trait d’y ajouter quelque chose, quand, ces derniers temps, cette découverte s’est produite. L’art bour
guignon compte depuis longtemps au premier rang de ses admirateurs M. Èd. Aynard. Avec une science et une prudence dont il faut lui savoir gré, M. Aynard vient de restaurer la grande abbaye cistercienne de Fontenay, près de Montbard, remarquable par sa vaste église, son cloître entouré des bâtiments conven
tuels, ses tombes plates autrefois incrustées de cuivre, et le tombeau des Mello 2. Chemin faisant, il a recueilli aussi plusieurs œuvres de la statuaire bourguignonne, parmi lesquelles figure une Vierge de 0 65 de hauteur, actuellement à Lyon, que nous appellerons, pour la facilité de notre exposé, la Vierge de Lyon, et qui doit introduire dans le débat sur l’art de la Chartreuse un élément nouveau 3.
1- Voir notamment : L. Courajod, Leçons professées à l école du Louvre, t. H, Paris, 1902 ; A. Klcinclausz, Claus Sluter et la sculpture bourguignonne au XV° siècle, Paris, 1907 ; A. Germain, les Néerlandais en Bourgogne, Bruxelles, 1909 ; Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte-d Or, t. X1I-X1V.
2. Voir Lucien Bégule, l’Abbaye de Fontenay et l’architecture cistercienne, Lyon, 1912 ; A. lUeinclausz, les Prédécesseurs de Claus Sluter, dans la Gazette des Beaux-Arts, 1903.
3. Cet article a été écrit et composé avant la mort de M. Aynard, qui avait bien voulu réserver à
l’auteur la primeur de sa découverte.
VIERGE HOLLANDAISE.
Utrecht, Musée des Antiquités.