La Vierge de Lyon est une Vierge-mère. Grave et majestueuse, la tête bien posée sur le cou délicatement modelé, la couronne surmontant
le voile d’où les cheveux s’échappent en deux masses tordues, épaisses et souples, elle regarde droit devant elle. Aucun sourire n’éclaire son visage, et ses yeux baissés sont presque voilés par la paupière : il semble qu’elle accom
plisse un sacerdoce. Et, en effet, tandis que son bras droit s’avance pour présenter un lis aujourd’hui brisé 1, elle offre à l’adoration des fidèles l’Enfant Jésus, assis dans sa main gauche. Habillé d’une ample robe d’où ses pieds émergent,
gracieux et fin, le bambin se tourne vers sa mère comme pour jouer avec son voile.
Cependant, la Vierge, afin d’assurer son équilibre, a rejeté le haut du corps, porté la jambe droite en arrière, et, dans ce
mouvement, le long manteau qui l’enveloppe s’est ridé obliquement, sillonné de plis profonds, tandis que l’extrémité de l’étoffe, abandonnée à elle-même, retombe par devant,
en cascade. Sous le manteau épais, lourd, compliqué, on aperçoit, formant contraste, la robe, mince, légère, très simple, qui couvre le sommet de la
Vierge bourguignonne nu xv° siècle.
Musée do Cluny,
1. L’hypothèse d’un lis est la plus vraisemblable. On sait que la fleur de pureté et de virginité était
devenue, en sculpture, le symbole de la Vierge.