EPISTRE.
dans la fuitte des temps ce que fournit la fureur & tignorance des Barbares , Qui renversant fis plus Illufires monumens, ont tafihé d’en éteindre entièrement la mémoire. Elle ferait encore ici enfiveüe dans fis ruines , Jï la genereufi libéralité de François premier pere des fiiences ft) des arts, ne l’en avoit tirée. Ce grand
Prince avoit dejfein de la remettre dans fin premier lufire, mais
fa mort & les guerres domefiiques qui la fmvrnnt empefiherent l’effet d’un projet fl noble. L’Architecture neut pas lé temps de fi nettoyer, pour ainfi dire, de la rouille qu elle avoit contractéefous terre , Elle eut le malheur de tomber entre les mains ébOuvriers ignorant qui la rendirent méconnoijfablepar les ornemens ridicules & capricieux dont ils la revefiirent.
Les joins & la dépenfi , que les anceflres de Vofire GkCajefiê Henry le Grand & Louis le lu fie ont employez, pour la rétablir, ré ont pas eu tout lefuccez, quils s’étoientproposé: Commets mauvais
goufi avoit gagné le de fus , leur travail ft) leur application n’ont firvi qu’a faire connaître qu défi bien plus facile de corriger les defaus d’une ignorance fans prefomption que d’apporter du remede a ceux qui viennent d’une fauffe capacité. En effet, S IRE,ce bel oArt, que tant de perfinnes illufires ont fait gloire autrefois de profeffer, êtoit tombé dans un extrême mépris par la ferdide avarice de la plufpart de ceux qui l’exerçoient. L’on imputoit a l’Architecture
les vices & les defaus des Architectes ou, pour mieux dire, de ceux qui, pour avoir une teinture fuperficiele de fis préceptes, fi difiient maîtres en l’art de Vitruve.
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Mais quel bon-heur que V. M. ait a la fin daigné luy prêter la main ? quelle ait bien voulu la faire finir, pour ainfi dire, du mortier ftj de la truelle s & la tirer d’un état plus déplorable mille
fois que celuy ou elle fi trouvoit fius la domination des Barbares? Au moment que V* M. a connu les b sautez, de l Architecture, Elle a témoigné de l’impatience de lavoir refleurir s Elle a conçeu pour cet art la même efiime que les Anciens luy avoient autrefois
témoignée, & déférant d’en faire un ornement digne delà Majefié de fin régné, elle a fiuhaitté que fes Subjets s appliquaient a te cultiver.
Eous fçaviez, neanmoins, SIRE, que nous n avons point d’amour pour les chofis que nous ignorons , & qu’il falloir que l’on connût ce que vaut l’Architecture pour l’efiimer autant qu elle le mente ; Dans cette pensée V.M. a fait élever tous ces bâtimens