Pour quelles performes fe doit employer l Architecte , & comme il fe doit garder d’eßre trompé ou empefchê à fes
entreprifes.
Г Architecte deuoir prendre la totale charge de l’œtmre.
Quelles gins doit cboifir
Ï,J) chite&een grandes entreprinfes.
art. Auffi ie luy confeille de choifîr Roys, Princes , Seigneurs, Prélats, ou Gouuerneurs de peuples Ôc Prouinces, qui foient libéraux, quand ce font grandes entreprinfes i Ôc encores pour hommes mediocres , pourueu qu ils ayent bon entendement, ôc bon jugement des œuures quon faid, ôcquils prennent plaifir à ce qui fera bien, auec faine cognoiffance de tout, s il eil pof
iible. A tels faut faire chofe digne d eux, car ils ne manqueront donner bonne recompenfe , ôc ne feront jamais ingrats enuers les vertueux, pour leur libéralité ôc honneileté. Qui plus eil,ib eilimeront non feulement les ceuures, mais auifi aymeront PArchitede, ôc luy feront beaucoup de biens. Il y a des Sei
gneurs, comme Pay cogneu, qui ayment ôc reuerent PArchitede,,
ôc eiliment beaucoup les œuures qu il conduit pour eux s mais par ie ne fçay qu elle jaloufie, ou crainte qu ils ont de le perdre, jamais ne luy font bien, que le plus tard qu ils peuuent, ÔC deCe
Б^я difeours & plus cjueyeritable.
gai fon s pourcpuoyler parents CT domefiiques
en yeulent fouuent л I .Architecte.
Querelles en haftiffant efire dommageables
Ci
an Seiçnear.
O
la for te vne grande hayne âla fin. Carvolontiers les Grands haiflent toufiours ceîuy de qui ils ont tiré feruice, s’ils ne luy ont faid du bien /ôcfefafchent quand ils le voyent (principalement quand ils n’en ont plus affaire) comme fi ceiloit vn créditeur qui impor
tune pour luy eilre fatisfait. Et au contraire s ils vous ont faid beaucoup de biens, plus ils vous commandent, plus fe fient en vous, ôc plus vous chargent ôc rechargent, comme on le voit tous lesiours. De forte que fi onvousayme,iamais on ne ceffede
vous commander,Ôc donner infinite de charges Ôc recharges pour la fiance qu on a en vous, Ôc grande diligence dont vous vfez. Qui fait que pour la crainte qu on a de faillir,ôde vouloir de fatisfaire a tout, on prend tant de peine qu’on fe tue Ôc confume. Гау co
gneu qu auoir trop grand credit auec les Grands, eil autant grand mal que n’en auoir point, à caufe des enuies : mai s fe fçauoir main
tenir auecques vne médiocrité autour d eux , cil vne grandifïïme loüange Ôc fageffe. Il fufïït doncques efire homme de bien, ôc mOnilrer que l’on faid droidement ôc vertueufement fon de
Hoir. Souuentesfois on a veu qu aux riches maifons, la femme, les enfants, les parents ôeferuiteur s, en veulent a PArchitede, ôc ne fcauentpourquoy, finon quils ont peur que la marmite fe di
minue , ôc que l on ne face fi grande dépenfe qu on a accouilumé, pour le loing que le Seigneur a de dépendre, afin de faire.depefeher tous fes bailiments. Il peut auffi eilre que pour lorsdefdids parents ôc feruiteurs ne peuuent pas tant pratiquer qu Ils
voudroient, ôc font regardez de plus près pour Pefpargne qu’il faut faire. Cela aduient fouuent a ceux qui font grandes entre
prinfes, Ôcpour ceile caufe retranchent leurs dépenfes ikperfluës, lefquelles ils ayment beaucoup mieux employer a leurs baflimens,
qu a nourrir Poyfiueté depluiieurs, qui ne fernem qu à regarder,
ôc bien fouuent reprendre la vie de leurs Maiilres. Four reuenir à noflre propos, PArchitede donnera ordre de ne fafeher perfonne n y auffi d’eftre fafché d’aucuns, pour autant qu’eflant trauaillé d’autruy,iamais il ne peut rien faire ny ordonner qui foit à propos. De s’en vouloir plaindre au Seigneur chacune fois, ne feroit ia
mais faid , ôc de Га fe pourroit engendrer telle querelle qu’on feroit contraint de laiffer l’entreprinfe, qui cauferoit vn grand
mal pour le Seigneur ôc PArchitede aum ; car on Peflimeroit eilre indiferet, leger Ôc indigne d’auoir charge. le fçay par moy combien en telles chofes on endure de fafeheries, ie dy au
tant grandes qu il eil impoffible de croire. Mais il faut prendre
patience, ôc ne faire femblant de le cognoiilre. Ievousaduifeqüe le plus du dommage enreuient toufiours au Seigneur Ôcàfesœuures, pour autant qu’on ie reculle defdides œuures, Ôcy reuienton le plus tard qu’on peut. Et qui pis eil, au retour on trouue beaucoup de fautes que les ouurieïs ont faides, ôc beaucoup
I’AY monftré au Seigneur comme il doit eilire vn Tage ôc fçauant Architede,ie voudroisauffi
confeiller au nouueau Architede , comme il fe doit conduire ôcconferuer enuers ledit Seigneur, afin de luy paracheuer proprement Ôc diligemment fes œuures. le rie fuisd aduis en premier lieu , qu il fe prefentc? ôc offre à tous ceux qui veulent bailir, fi ce n-eil à grands Sei
gneurs pour leur donner confeil ou faire quelques deuis ôeportraids, quand il en eil requis ou priéi mais non poür prendre la totale charge de foeuure, comme n y pouuant fatisfaire , pour les grands labeurs ôc grandes cogitations quvne chacune choie re
quiert. Faut doneques qui! attende que ceux qui voudrontvfer defon confeil f appellent, ôcfe fient totalement en luy, autrement
il n auroit que faire de communiquer fes belles inuentions fans en eitre requis, car elles luy pourroient reuenir à mocquerie ôc fans profit. Cefl vn vray ade de fageife à FArchitede, de fçauoir bien entretenir fa réputation ôc donner bon ôc fidele confeil,auec
exhibition de portraids, modelles Ôc deuis , proportionnez de leur mefure ôc parfaide fymmetrie, afin qu on cognoiife quil y procede en vray homme de bien , ôc qufil eil tres-dode en fon
entreprifes.
CHAPITRE IV,
Г Architecte deuoir prendre la totale charge de l’œtmre.
Quelles gins doit cboifir
Ï,J) chite&een grandes entreprinfes.
art. Auffi ie luy confeille de choifîr Roys, Princes , Seigneurs, Prélats, ou Gouuerneurs de peuples Ôc Prouinces, qui foient libéraux, quand ce font grandes entreprinfes i Ôc encores pour hommes mediocres , pourueu qu ils ayent bon entendement, ôc bon jugement des œuures quon faid, ôcquils prennent plaifir à ce qui fera bien, auec faine cognoiffance de tout, s il eil pof
iible. A tels faut faire chofe digne d eux, car ils ne manqueront donner bonne recompenfe , ôc ne feront jamais ingrats enuers les vertueux, pour leur libéralité ôc honneileté. Qui plus eil,ib eilimeront non feulement les ceuures, mais auifi aymeront PArchitede, ôc luy feront beaucoup de biens. Il y a des Sei
gneurs, comme Pay cogneu, qui ayment ôc reuerent PArchitede,,
ôc eiliment beaucoup les œuures qu il conduit pour eux s mais par ie ne fçay qu elle jaloufie, ou crainte qu ils ont de le perdre, jamais ne luy font bien, que le plus tard qu ils peuuent, ÔC deCe
Б^я difeours & plus cjueyeritable.
gai fon s pourcpuoyler parents CT domefiiques
en yeulent fouuent л I .Architecte.
Querelles en haftiffant efire dommageables
Ci
an Seiçnear.
O
la for te vne grande hayne âla fin. Carvolontiers les Grands haiflent toufiours ceîuy de qui ils ont tiré feruice, s’ils ne luy ont faid du bien /ôcfefafchent quand ils le voyent (principalement quand ils n’en ont plus affaire) comme fi ceiloit vn créditeur qui impor
tune pour luy eilre fatisfait. Et au contraire s ils vous ont faid beaucoup de biens, plus ils vous commandent, plus fe fient en vous, ôc plus vous chargent ôc rechargent, comme on le voit tous lesiours. De forte que fi onvousayme,iamais on ne ceffede
vous commander,Ôc donner infinite de charges Ôc recharges pour la fiance qu on a en vous, Ôc grande diligence dont vous vfez. Qui fait que pour la crainte qu on a de faillir,ôde vouloir de fatisfaire a tout, on prend tant de peine qu’on fe tue Ôc confume. Гау co
gneu qu auoir trop grand credit auec les Grands, eil autant grand mal que n’en auoir point, à caufe des enuies : mai s fe fçauoir main
tenir auecques vne médiocrité autour d eux , cil vne grandifïïme loüange Ôc fageffe. Il fufïït doncques efire homme de bien, ôc mOnilrer que l’on faid droidement ôc vertueufement fon de
Hoir. Souuentesfois on a veu qu aux riches maifons, la femme, les enfants, les parents ôeferuiteur s, en veulent a PArchitede, ôc ne fcauentpourquoy, finon quils ont peur que la marmite fe di
minue , ôc que l on ne face fi grande dépenfe qu on a accouilumé, pour le loing que le Seigneur a de dépendre, afin de faire.depefeher tous fes bailiments. Il peut auffi eilre que pour lorsdefdids parents ôc feruiteurs ne peuuent pas tant pratiquer qu Ils
voudroient, ôc font regardez de plus près pour Pefpargne qu’il faut faire. Cela aduient fouuent a ceux qui font grandes entre
prinfes, Ôcpour ceile caufe retranchent leurs dépenfes ikperfluës, lefquelles ils ayment beaucoup mieux employer a leurs baflimens,
qu a nourrir Poyfiueté depluiieurs, qui ne fernem qu à regarder,
ôc bien fouuent reprendre la vie de leurs Maiilres. Four reuenir à noflre propos, PArchitede donnera ordre de ne fafeher perfonne n y auffi d’eftre fafché d’aucuns, pour autant qu’eflant trauaillé d’autruy,iamais il ne peut rien faire ny ordonner qui foit à propos. De s’en vouloir plaindre au Seigneur chacune fois, ne feroit ia
mais faid , ôc de Га fe pourroit engendrer telle querelle qu’on feroit contraint de laiffer l’entreprinfe, qui cauferoit vn grand
mal pour le Seigneur ôc PArchitede aum ; car on Peflimeroit eilre indiferet, leger Ôc indigne d’auoir charge. le fçay par moy combien en telles chofes on endure de fafeheries, ie dy au
tant grandes qu il eil impoffible de croire. Mais il faut prendre
patience, ôc ne faire femblant de le cognoiilre. Ievousaduifeqüe le plus du dommage enreuient toufiours au Seigneur Ôcàfesœuures, pour autant qu’on ie reculle defdides œuures, Ôcy reuienton le plus tard qu’on peut. Et qui pis eil, au retour on trouue beaucoup de fautes que les ouurieïs ont faides, ôc beaucoup
I’AY monftré au Seigneur comme il doit eilire vn Tage ôc fçauant Architede,ie voudroisauffi
confeiller au nouueau Architede , comme il fe doit conduire ôcconferuer enuers ledit Seigneur, afin de luy paracheuer proprement Ôc diligemment fes œuures. le rie fuisd aduis en premier lieu , qu il fe prefentc? ôc offre à tous ceux qui veulent bailir, fi ce n-eil à grands Sei
gneurs pour leur donner confeil ou faire quelques deuis ôeportraids, quand il en eil requis ou priéi mais non poür prendre la totale charge de foeuure, comme n y pouuant fatisfaire , pour les grands labeurs ôc grandes cogitations quvne chacune choie re
quiert. Faut doneques qui! attende que ceux qui voudrontvfer defon confeil f appellent, ôcfe fient totalement en luy, autrement
il n auroit que faire de communiquer fes belles inuentions fans en eitre requis, car elles luy pourroient reuenir à mocquerie ôc fans profit. Cefl vn vray ade de fageife à FArchitede, de fçauoir bien entretenir fa réputation ôc donner bon ôc fidele confeil,auec
exhibition de portraids, modelles Ôc deuis , proportionnez de leur mefure ôc parfaide fymmetrie, afin qu on cognoiife quil y procede en vray homme de bien , ôc qufil eil tres-dode en fon