d’inuentions obmifes, lefquelles ce-tempendant on euft pratf quéesau grand contentement du Seigneur. Le Chafteaud’Annet de pluiieurs autres, s en pourr oient juftement plaindre s auquel fi on ne m euft tant trauaillé quon a fait, j’euife excogité beaucoup
déplus belles œuures qu il n’y a, de croy que la Damejamaisn en fçeutrien, ou bien elle faifoit femblant de ne le fçauoir,dcmoy encore s moins.
L’Architecte ne deuoir manier ΐargent de fes entreprises , ny
fe rendre comptable.
CHAPITRE V.
V Architecte ne doit prendre frefents des ouvriers.
Tionsenfeipnemens a l Arehiiefie, & dignes denoter.
OVTRE les chofes fufdi&es, il faut que FArchf teéte ( defirant auoir l’efprit libre, de fe voulant garder d efire outragé de calomnié) ne manie iamais autre argent que lefien,dtne foit com
ptable à per fonne du monde : comme j’aytouC
jours voulu £aire,&: m enfuis bien trouué.Faut dauantage qu il ne prenne iamais prefents,ne
chofe que ce foit, des Ouuriers j afin qu’il aye liber té de les tenfer A reprendre quand ils font faute, & leschaifer de l’oeuure5s ilenefi;befoin: quoyfaifant,ilsne luy pourront rien reprocher. Ilferaaufiî tres-bon qu’il n’ordonne point les deniers,
s’il eft poilîble, de ne faife les marchez des œuures. Toutesfois, pource qu’il peutmieux entendre, que tous autres, le s façons delà quantité de l’oeuure, auec leurs valeurs, iefuis bien d’aduis qu’il en die fon opinion fidèlement : deencores qu’il ayde à ceux qui font commis pour faire les marchez, & qu’il prenne garde auTreforier, Controolleur,de autres qui diftribuent les deniers, afin de fçauoir comme ils les employent, de peur qu ils ne luy facent receuoir vne honte, en donnant à entendre aux Seigneursdeautres,
queFArchitedefaiétvne trop grand dépenfe, de qu’il ad’here par trop aux OuurierSi deexpofe beaucoup plus qu il ne doit s dcauffi
afin qu ils ne luy perfuadent que ce qui ne coufte que mille écus, en coufte deux milk. Tels Officiers qui manient lesdeniersdes Seigneurs, pour en farcir leurs bouriès , de les pratiquer en diuerfes fortes , trouuent pluiieurs mauuaifes inuentions pour couurir leur auarice , tant fur les voitures qu’autres matières,
de rançonnent les ouuriers * de forte qu’il leur en faut donner
pour cftre payez, qui eft caufe que les ouurages en couftent beaucoup plus. Voila comme bien fouuent ils remettent tou
te la faute fur l’Architeéfe, de difent qu il eft mauuais mefnager pour Г œuure qui coufte tant , fous ombre d infinies dépenfes de colluiions qui fe font extraordinairement par eux &
font
L Architecte deuoir prendre garde que le Seigneur ne foit trempé.
Inuention s noctuelles eftrefubieétes a maie & calomnie.
Le Chaßeat d’Annet con
finât par l’ofdonnance de i‘Autbeur.
Aduerttffemét de l’Atttheur en forme de conclußon.
de font rejeétées toutes fur les baftiments : ainfi que ie l’ay’veu faire, qui eft au deshonneur de l Archite&e , mefme quand l’oeuure coufte plus qu il ne conuient. Car il ne luy doit eftre aifez de bien
accommoder toutes chofes, fçauoir donner toutes mefures, de fymmetries bien ordonnées, de proprement difpofer letout, s’il nemonftre par efteét,qu il eft bon mefnager, de qu’il entend bien
la valeur &prix des œuures : afin que le Seigneur ne foit trompé, & que,!’œuure ne coufte plus qu’il n appartient,· de auffiqu’outre l’honneur qu il en receura, il en ayt digne recompenfe. Par ainfi il doit prendre garde atout, auecques vne grande modeftie & prudence. Mais pour obuier a tant de peines,il doit auffi choifii vn bon de fage Seigneur qui lefouftienne^uilegardedesenuieux, de qui l’aime de conferue: vous aduifant que s il faiét autrement, iamais ne fera faiéte chofe digne de grande loüange. le fçay tref bien cela par expérience : de forte que iamais homme n’a tant enduréqueie penfe auoir faiéf, ôe principalement aux inuentions nouuelles, ou les enuies font fi grandes, qu’il fembleque toutes chofes doiuentnuireal Inucnteur, s’il n’eft fort vertueux de confiant pour y reilfter. Il faut auffi que Г Architecte foit fidele à fon
Seigneur, de qu’il faife les œuure s comme fi elles eftoient pour
luy-mefme, donnant à cognoiftre par épreuue,fa fidelité en tout ce qu’il fera entièrement,afin qu il ayt la feule charge, de le credit de faire ce qu il voudra. Car s il a vn compagnon,ou autre qui
l obferue,ou qui fe vueille mefier d’ordonner,il nefçauraiamais rien faire qui vaille. Iel ay veu & expérimenté au Chafteau d Annet, auquel lieu pourmelaiffer faire ce que i ay voulu,en conduifant le baftiment neuf, ie luy ay proprement accommodé la maifon vieille,qui eft oit chofe autant difficile & fafeheufe qu’il eft im
poiïible d’excogiter. Bref, i ay fait cequimafemblébon, de de telle forte de telle difpofition,que i’en laiife le jugemcntàtousbos cfpritsqui auront veu le lieu,& entendu la fubjeétion de contrain
te qui s’y prefentoit à caufe des vieils baftiments. Et n euifent efté les grandes enuies dehainesque m’en portoient les domeftiques de autres, l’on y eut faiét encore des œuures trop plusexcellentes,
de plus admirables que celles qu‘on y void : s’il y a quelque chofe finguliere de rare, loüange en foit a Dieu. Pour concluiion, Mefi fiigneurs de amys,qui defirez faire édifices, de vous qui defirez faire profeffion d’Architeéfure, ie vous prie de vouloir bien en
tendre, retenir, Ôc pratiquer le prefent difeours, de vous aperceurez le fruid:, accompagné deplaifir, qui yous en reuiendradeaux voftres.