fi fort néglige le delîèin de fes profils des Ordres, qui font très-incorreéts, ce qui eft d’autant moins pardonnable qu’il étoit Peintre & Delfinateur.
On y a fuppléé dans ce Recueil, Sc on les trouvera ici deftinés avec plus
de foin, enforte que ceux qui connoilfent fon Livre ne feront pas peu
furpris de voir des delfeins, fi pauvres en apparence, faire un fi grand effet étant réparés.
Au plus ancien Auteur nous avons oppofé le plus moderne pour émule, afin que par la comparaifon de l’un & de l’autre on puilfe mieux juger fi l’Architeélure s’efl; perfeélionnée dans cet efpace de temps, ou fi elle ne commence pas déjà à décheoir. Ce dernier Auteur eft Jofeph Violai lequel s’étant propofé de traiter des Ordres & des proportions de i’Architeélure »
s’eft tellement écarté de fon principal fujet, qu’il ne parle prefqüe que de la fable Sc des métamorphofes. Il a cela de commun avec Alberti que fes delfeins font aulîi mal ordonnés que mal exécutés, il fuit néanmoins une maniéré plus élégante & alfez conforme à la dôétrine de Palladio.
A l’égard des deux Auteurs dont il nous relie à donner une idée , on ne peut pas dire qu’ils foient moindres que ceux qui les précédent, ni aulfi de même force que les premiers, mais ils peuvent bien entrer en
concurrence avec trois ou quatre. Ce font deux maîtres de notre Nation, alfez renommés par leurs ouvrages ainfi que par leurs écrits, Jean Bal
lant , & Philibert de Lorme} que nous n’avons point placés dans le dernier
rang comme inférieurs aux autres, mais feulement pour les féparer des Auteurs Italiens qui font en plus grand nombre.
Avant que de palfer à l’examen des profils des cinq Ordres fuîvant leS différens Auteurs dont nous venons de parler, nous avons cru ne pouvoir mieux mettre au fait de ce qui conftitue elfentiellement chaque Or
dre en particulier, ainfi que de la différence de proportions qui le caraélérife, qu’en les repréfentanr. tous cinq, mis en parallèle l’un à côté de l’autre, 8c réduits fur un même module, ( qui eft ici le tiers du diamè
tre du bas de la colonne ) avec les piédeflaux qui leur conviennent. La feule infpeélion de la planche fuivante fuffira pour juger de cette différence ; en voici l’explication.
Explication de la planche dès cinq Ordres d* Architecture.
En jettant un coup d’œil fur cette planche, il eft facile d’y remarquer en général, que l’Ordre Tofcan fe reconnoît à fà grande fimplicité 8c à
l’air de folidité qui lui eft propre, étant le plus court 8c le plus matériel de tous.
Le Dorique, quoique mâle, eft cependant moins lourd que le Tofcan5 il fe diftingue alfez communément par les triglyphes dont fa frife eft ornée.
L’Ordre Ionique, plus délicat que les deux premiers, eft caraéîérifé par les volutes qui accompagnent fon chapiteau.
Le Corinthien eft le plus léger de tous 8c le plus délicat. Son chapiteau , plus grand 8c plus orné que ceux des trois premiers Ordres, eft dé
coré de feuilles d’acanthe, de perfil, d’olivier, de palmier, &c. félon les circonftances, le caraélej de l’édifice, 8c le génie de l’Architeéle*