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Благодатской рудникъ. № 2. Нерчинскъ.
Се 12 fevrier 1827.


Chère et bonne Maman, je suis enfin établie dans le même village que mon adoré Serge, c’est beaucoup, mais cependant mon coeur n’est point satisfait. D’abord je ne saurai vous donner une idée de la mai


greur et de l’air malade de mon pauvre Mari. Sa santé m’inquiète il a besoin de tous mes soins et je ne puis les lui donner. Non je ne le quitterai point tant que son sort n’ait éprouvé un grand soulagement,
je ne donnerai point un regret à mon fils, je ne reviendrai à lui qu’avec l’âme parfaitement tranquille, dusais-je attendre les quatorze ans. — Quelque pénibles que soient les conditions que l’on impose à mon coeur pour prix de mon séjour ici je m’y soumets avec une fidélité religi
euse, je ne ferai aucune tentative pour voir mon Mari hors les jours désignés, je dois être reconnaissante pour ce que l’on m’accorde déjà pour atteindre le but de mon existence. Oui chère Maman plus mon


Mari est malheureux et plus il doit compter sur mon attachement et ma persévérance. Je n’en veux pas à mes parens de ce qu’ils m’aient privé jusqu’ici de la seule consolation que je puis avoir celle de par


tager le sort de Serge; je sais qu’il est bien plus difficile de souffrir pour son enfant que pour soi-même, et c’est pourquoi je ne me per
mets pas un murmure; bien au contraire je suis heureuse de leur avoir prouvé que je sais remplir mes devoirs envers eux, j’ai patienté et aussi chacune de mes actions a été accompagnée des bénédictions de mon vénérable Père.—Il me reste maintenant à leur donner les consolations qu’il est dans mon pouvoir de leur procurer encore et c’est pourquoi je désire que mon fils retourne dans ma famille; d’ailleurs le cli
mat de Petersbourg lui est fort nuisible, je n’oublierai jamais tout ce que j’y ai souffert lorsque mon pauvre enfant y a gagné le croupe.
Adieu ma chère Maman, ne communiquez point ma lettre à ma bonne soeur Sophie l’ange consolateur de Serge, elle pourait l’attrister et nuire à sa faible santé. Je compte lui écrire, sous peu, et la tranquilliserai de mon mieux. Chargez-vous chère Maman de mes respects pour
1 Письма за №№ 2, 4, 6, 14, 15 (и 32) по нашему счету печатаются съ копій,
остальныя — съ подлинниковъ.