La Parade.


GEORGES SEURAT


(1859-1891)
Si la renommée qui fait retentir le nom de Cézanne et de Van Gogh oublie Seurat,
c’est que l’œuvre de ce dernier, immédiatement happée et fixée dans des collections privées, ne prend presque plus de contact avec le public. C’est par des œuvres successives que les inventeurs apaisent les masses violentées. Leur production totale est comme une conversation qui, par des formes et des nuances insensibles, convainc les auditeurs. Nul, si Seurat eût continué à vivre, n’échapperait aujourd’hui à la
domination de son œuvre que l’envergure de son caractère et de son pouvoir créateur promettait d’égaler celle d’un Delacroix.
Seurat est un grand peintre inconnu, dont la personnalité présente l’anomalie, à notre époque, d une vision juvénile, digne des aubes antiques, et d’une audace unique à la fixer seul, sans l’aide de réminiscences des dieux.
On comprend que le surgissement à pic d’un novateur dont les formules perturbatrices succédaient si vite aux violences des impressionnistes, ait irrité le public comme un défi à son infirmité. Mais les rires de la foule et de ses proches môme,