Marcelle Bret (14 ans), Ecole de dessin, Palais des Arts. Directrice: Mlle Guy, Lyon.


DESSINS D’ENFANTS




C


’est Diderot qui pensait qu’il n’y a que les maîtres de l’artjqui soient bons juges du
dessin. Nous ne nous permettrons donc point de critiquer le jugement du Jury dans le XIe Concours général du dessin, ouvert par Le Moniteur du Dessin, entre tous les enfants de France de cinq à seize ans (garçons et filles), ayant pour objet une frise
décorative pour chambre d’enfant. Res judicata pro veritate habetur. Et si notre sympathie est allée à des projets qui n’ont pas été primés, cela tient sans doute à l’incompé
tence et à l’anarchie de nos doctrines. Des projets innombrables de ce concours, les
quelques-uns que nous reproduisons ici ont retenu et séduit notre attention. Ils nous ont paru renfermer une saveur, une sensibilité, une grâce maladroite et primesautière, une sincérité naïve et charmante, une fraîcheur de vision qui en ont fait tout le prix à nos yeux. Mais aussi, ils nous ont plongés au fond de l’abîme qui menace ceux qui médi
tent sur les questions et les méthodes de dessin. Oui, qu’est-ce que le dessin ? Pourquoi avons-nous préféré la gaucherie de tels projets à la perfection de tels autres? Pourquoi ceux-ci nous ont-ils intéressés et ceux-là ennuyés ? Le dessin est un intermédiaire entre la réalité et nous. Il nous fait connaître l’objet qu’il représente sous un aperçu nouveau et nous révèle, en même temps, la personnalité de son auteur. Il manifeste une vérité (car si la vérité est une, elle n’en est pas moins à tout le monde) et témoigne d une sensation originale. Un dessin est une forme de langage, il exprime; il a une âme,