produira, est d une bonne satire et d’un excellent comique. Claude refuse très net (ce qui est fort honorable, mais assez peu logique à présent), et réfugie son cœur indigné dans le sein compatissant de la bonne Noémi, qui écoutait. Scène de déclaration, scène de fièvre, qui aboutit à l’explosion prévue, car, à ce moment, les vagues héroïques de l’orchestre de Jules César nous arrivent, et les applaudissements à l’adresse deNiederkrentz, et Claude bondit, maudit Noémi, jette l’épithète de « voleur » à la face du blond hongrois... enfin s’évanouit de rage.
Tout n’est pourtant pas fini, et Claude n’a pas encore pénétré tous les mensonges de ce rêve. Noémi l’a planté là, et de ce côté encore il n’a trouvé que le vide et la tromperie. Va-t-il revenir à
Marcelle? Mais il prétend que celle-ci ne l’aime plus, il prétend ne l’aimer plus lui-même. Un coup lui reste à recevoir, c est le ténor Mériton qui vient le lui donner en claironnant : on joue Jules César à Monte-Carlo, et Niederkreuz est décoré !
Claude sent tout s’effondrer sous ses pas, Claude se lamente, repousse avec d’amères paroles la bonne Marcelle, toute prête à lui ouvrir les bras. Il lui reproche même cet amour qui l’a éloigné du monde et du succès. Cependant, quand, découragée à son tour, elle va s’éloigner, il la retient, il ne veut pas qu’elle parte, il ne veut pas rester seul... L’ami Maurice part discrètement, semblant croire la paix revenue... C’est fini.
Cette fin désenchantée est vraie dans sa lâcheté même. Mais
YVONN E


(Mlle B. de Voisin)


CASINO D’ENGHIEN. — FIN DE RÊVE. — Acte II


Décor de MM. Brandt et Rabuleau.


elle laisse une impression qui ne satisfait guère le spectateur. Sans s’attacher autrement à Claude, il voudrait au moins garder quelque espoir que la leçon lui sera utile. Claude se met a geindre: «Je suis si malheureux que je crois que je vais pleurer »;
j’aurais voulu le voir affolé, grondant de colère, levant même la main sur sa compagne pour la laisser retomber soudain, san
glotant et s’écriant avec de vraies larmes : « Pardon ! Je ne suis qu’un misérable, qui ne vois pas que toutes mes souffrances ne me viennent que de moi seul! Mais nous allons maintenant, appuyés l’un sur l’autre, recommencer une nouvelle vie, qui ne sera plus un rêve, une vie de travail qui ne devra rien à per
sonne... » Il est vrai que s’il disait cela, Claude ne serait plus le pleutre qu’il est.
M. Maury joue le rôle de cet incompris distingué; il y est excellent, dans la note que j’ai dite, mettant très bien en relief le
mélange de révoltes et de lâchetés qui fait de son personnage un pauvre homme, qu’on plaint sans l’aimer. M. André Dubosc détaille avec goût et discrétion le rôle assez délicat de Maurice Dubar. M. Signoret est d’une vérité parfaite dans les quelques scènes de Kohlbus, au second acte; il a la sérénité dans la canaillerie qu’il faut au type. Marcelle a trouvé une gentille interprète avec Mademoiselle Bellanger, qui rappelle beaucoup le genre délicat et fin de Mademoiselle Yahne ; et Noémi Dorlac est représentée avec maëstria par Madame Louise Dauville, envelop
pante et capiteuse. Sa diction irréprochable et la sobriété de ses gestes l’ont fait beaucoup remarquer. Voilà une artiste que le public parisien applaudira certainement cet hiver sur une scène du Boulevard. Enfin le rôle de la femme de ménage de Claude est joué avec une bonhomie parfaite par Mademoiselle Claudia.
HENRI DE CURZON.
MERITON
(M. Baudoin)
ÉVA.
(Mlle Marianne Prad)
DE BELHOIRIE (M. Garat)
MISS JOHSON
(Mlle Bl. Doriel)