Nous trouvons ici huit concurrents, hommes ou femmes. Du côté masculin, pas de premier prix. Il n’y a, en effet, que des élèves estimables, rien de plus. Un second prix fut décerné à M. Gorde, classe de Paul Mounet (ier accessit de l’année der
nière), qui a dit la scène-monologue de Barberousse, dans les Burgraves. Celle-ci est un peu lourde pour ses épaules.
Il s’est, quand même, attaqué bravementau monstre hérissé de noms barbares, et n’a pas trop perdu l’haleine, en sa lutteavecles Alexandrins fou
gueux. C’est un tragédien de belle taille, au visage expressif, à la voix grave et bien tim
brée, mais il manque un peu d’émotion et parle à dents ser
rées. Un second accessit à M. Joube,classe deSilvain, un Toulousain, de visage ingrat et de modelé médiocre, qui a fait preuve de jeu mouvementé et de diction intelligente, dans les fureurs d’Oreste.
MM. Grammont, élève de Leloir, et Valgerini, élève de Silvain, sont restés sur le pavé. Le premier a zézayé Hamlet; le second détaillé, d’une voix blanche, les discours du perfide Iago.
Du côté féminin, deux premiers prix... c’est peutêtre beaucoup. Je crois qu’un seul pouvait suffire, celui dé
cerné à Mademoiselle Roch,
qui est une tragédienne audessus de la moyenne. Son masque est d’expression tra
gique, aux yeux sombres, avec un front haut et lisse, casqué d’une crinière noire.
Elle dit, d’une voix sombrée, avec une excellente pro
nonciation, un jeu très vivant et très expressif. Je crois bien — comme disait feu Auber, de malicieuse mémoire, — que le public et le Jury lui ont décerné son premier prix, à l’una
nimité. Dès le lendemain du concours, Mademoiselle Roch a été engagée à la Comédie-Française.
L’autre premier prix, a été attribué à Mademoiselle de Raisy. Celle-ci avait eu un second prix en 1901, on ne pouvait donc — c’est le règlement qui le veut ainsi
— lui donner qu’un premier prix, ou... rien. Rien, c’était trop peu, on a pensé que mieux valait se conformer au
proverbe qui dit : « Ce qui abonde ne vicie pas. » Le défaut de Mademoiselle de Raisy, au point de vue de la tragédie, c’est quelle n’a rien de tragique, son visage est plutôt gai et rieur, et sa voix, agréable de timbre, et qui ne manque pas de charme, ne lui permet pas des tirades violentes. Si elle « tragédise », il faudra qu’elle se borne à l’emploi des princesses. Elle avait eu, par parenthèse, l’idée fâcheuse de revêtir une robe noire qui ne se prêtait guère aux exigences de son répertoire. Aux concours du Con
servatoire, d’ailleurs, je crois que la robe blanche devrait être de rigueur pour les femmes, comme l habit noir, pour les hommes.
— Deux accessits ont servi d’escorte aux deux pre
miers prix, l’un à Mademoi
selle Thomas, qui a dit une scène dans Britannicus; l’autre à Mademoiselle
1er Prix d’opéra-comique. — 2e Prix de chant
1er Prix d’opéra-comique
Cliché Reutlinger.
Mlle VAN GELDER
1er Prix d’opéra-comique
Cliché du Guy.
Mlle RUPER
Cliché du Guy.
Mlle CORTEZ
nière), qui a dit la scène-monologue de Barberousse, dans les Burgraves. Celle-ci est un peu lourde pour ses épaules.
Il s’est, quand même, attaqué bravementau monstre hérissé de noms barbares, et n’a pas trop perdu l’haleine, en sa lutteavecles Alexandrins fou
gueux. C’est un tragédien de belle taille, au visage expressif, à la voix grave et bien tim
brée, mais il manque un peu d’émotion et parle à dents ser
rées. Un second accessit à M. Joube,classe deSilvain, un Toulousain, de visage ingrat et de modelé médiocre, qui a fait preuve de jeu mouvementé et de diction intelligente, dans les fureurs d’Oreste.
MM. Grammont, élève de Leloir, et Valgerini, élève de Silvain, sont restés sur le pavé. Le premier a zézayé Hamlet; le second détaillé, d’une voix blanche, les discours du perfide Iago.
Du côté féminin, deux premiers prix... c’est peutêtre beaucoup. Je crois qu’un seul pouvait suffire, celui dé
cerné à Mademoiselle Roch,
qui est une tragédienne audessus de la moyenne. Son masque est d’expression tra
gique, aux yeux sombres, avec un front haut et lisse, casqué d’une crinière noire.
Elle dit, d’une voix sombrée, avec une excellente pro
nonciation, un jeu très vivant et très expressif. Je crois bien — comme disait feu Auber, de malicieuse mémoire, — que le public et le Jury lui ont décerné son premier prix, à l’una
nimité. Dès le lendemain du concours, Mademoiselle Roch a été engagée à la Comédie-Française.
L’autre premier prix, a été attribué à Mademoiselle de Raisy. Celle-ci avait eu un second prix en 1901, on ne pouvait donc — c’est le règlement qui le veut ainsi
— lui donner qu’un premier prix, ou... rien. Rien, c’était trop peu, on a pensé que mieux valait se conformer au
proverbe qui dit : « Ce qui abonde ne vicie pas. » Le défaut de Mademoiselle de Raisy, au point de vue de la tragédie, c’est quelle n’a rien de tragique, son visage est plutôt gai et rieur, et sa voix, agréable de timbre, et qui ne manque pas de charme, ne lui permet pas des tirades violentes. Si elle « tragédise », il faudra qu’elle se borne à l’emploi des princesses. Elle avait eu, par parenthèse, l’idée fâcheuse de revêtir une robe noire qui ne se prêtait guère aux exigences de son répertoire. Aux concours du Con
servatoire, d’ailleurs, je crois que la robe blanche devrait être de rigueur pour les femmes, comme l habit noir, pour les hommes.
— Deux accessits ont servi d’escorte aux deux pre
miers prix, l’un à Mademoi
selle Thomas, qui a dit une scène dans Britannicus; l’autre à Mademoiselle
1er Prix d’opéra-comique. — 2e Prix de chant
1er Prix d’opéra-comique
Cliché Reutlinger.
Mlle VAN GELDER
1er Prix d’opéra-comique
Cliché du Guy.
Mlle RUPER
Cliché du Guy.
Mlle CORTEZ