Cliché Larcher.JÉSUS-CHRIST (M. Degeorge)
BAILLEHACHE
(M. Paul Edmond)
Acte Ier
Drame en cinq actes et dix tableaux, tiré du roman de M. ZOLA, par MM. R. DE SAINT-ARROMAN et CH. HUGOT
l’art du dramaturge, combinant les scènes de main de maître, c’est ce qu’en style de «planches», on peut appeler un « charpentier». Il rappelle, en ce point, avec plus d’écriture, nos auteurs du Boulevard les plus fameux. J’ai ouï raconter que sur les bords de la Sprée, Südermann, d’ailleurs auteur à succès, ne passait pas pour un novateur, un adepte de la nouvelle école, comme le fécond Gérard Hauptman, par exemple, dont les pièces hardies à tendances socialistes, troublent parfois l’impérial sommeil, il n’est pas, comme l’on dit, du dernier bateau, mais tout au plus de l’avant-dernier. Il cherche dans scs drames, l’émotion et l’action,
et il est certain que la satisfaction du public le préoccupe bien plus que la démonstration de la thèse, ce en quoi il n’a peut-être tort qu’à demi. Ce qui est certain aussi, c’est que là-bas, il a de grands succès, et un public fervent, et qu’ici le drame de l Hon
neur a plu beaucoup. On a trouvé les personnages bien campés, vivants, dessinés d’un bon crayon, et restant dans la logique de leur caractère. J’ajoute que l’interprétation excellente a contribué au succès du drame, et il n’y a qu’à donner des éloges... rétro
spectifs à Dumény, qui fut parfait en Baron de Saarberg, un rôle de belle humeur sentimental, et de douceur raisonneuse ; à Grand, naturel, dramatique et sympathique, sans oublier Bour, Signoret, Degeorge, Leubas, Mesdames Ellen Andrée, Gabrielle Fleury et Miéris.
Le spectacle suivant fut d’ordre médical : la pathologie et la thérapeutique y régnèrent en souveraines. Fut-ce voulu cette rencontre de deux pièces d’ordre semblable, ou simple effet du hasard î voilà ce que je ne saurais dire. Le directeur, toujours sceptique et parfois railleur, eut peut-être la fantaisie de nous donner, l’une suivant l’autre, l’apparition des deux cas, l’un sérieux par MM. Camille Le Senne et Adolphe Mayer, qui sous ce titre le Bâillon traitèrent la thèse du « secret professionnel » du méde
cin ; l’autre fournissant à MM. Pierre Véber et Maurice Soulié, l’occasion d’une farce truculente, où ces messieurs — comme fit leur grand aïeul Molière —■ tournèrent en ridicule médecine et
médecins.— Le Bâillon, quoique thèse bien présentée, avec une certaine recherche de forme, traitait d’une matière trop spéciale et trop fatalement ingrate, pour dépasser le succès d’estime que le public lui a adjugé. La pièce procédait un peu par confé
rences; et le public ne les aime guère. Quand on lui en fait, il s’écrierait volontiers, avec le bon Horace : Non erat hic locus...
puis, une de ces conférences dramatico-médicales concluait à cette proposition que : la tendresse conjugale est le meilleur des sérums de la tuberculose... et l’on a souri, comme eût faitledocteur Koch lui-même. — La farce de MM. Pierre Véber et Mau
rice Soulié, la Mariotte, une paysannerie de comique burlesque,
a mieux réussi, et a eu grand succès d’éclat de rire. Les paysans de ces messieurs n’ont rien de commun avec ceux de Florian ou de George Sand, ils fleurent le fumier, bien plus que l’ambre, mais ils sont de réalisme amusant, et leurs vilenies prennent un air de caricature si réjouissante, que l’âpreté disparaît.
Peu de temps après, l’affiche s’est renouvelée, — on sait que le système d’Antoine est d’alterner ses spectacles — avec une com
binaison coupée, composée d’un lever de rideau, d’un drame en deux actes, et d’une comédie en un acte. —- Le lever de rideau, signé de Mademoiselle Berthe Reynold, s’appelle Petite femme. C’est une épave inutile du théâtre « rosse », une peu éventé aujourd’hui — il eut jadis son heure... fugitive — les comédiens, con
scients de son peu de valeur, le jouèrent en « cinq sec », on croyait entendre la voix du régisseur leur criant de derrière un portant : « Allez-y, mes enfants, et surtout queça ne traîne pas... » En effet, je me souviens que ça n’a pas traîné. —La comédie, elle, fut signée Courteline. Elle était de bonne gaieté et eut son succès de fou rire. Cela s’appelle les Balances. Or ces balances sont-elles celles de la justice, qui parfois débite à faux poids? Le paradoxe est désopilant, parce qu’il est presque vrai, et que son ironie a l’odeur du bon sens. Il faut entendre les lamentations de l’infor
tuné La Brige, victime des inconséquences légales, qui s’épanche dans le sein cordial de son ami l’avoué Lonjumel : La Brige a
FOUAN
(M. Antoine)
DELHOMME (M. Leubas)
BUTEAU
(M. Signoret)
ROSE
(Mlle Barny)
FANNY
(Mlle E. Andrée)
BAILLEHACHE
(M. Paul Edmond)
Acte Ier
Drame en cinq actes et dix tableaux, tiré du roman de M. ZOLA, par MM. R. DE SAINT-ARROMAN et CH. HUGOT
l’art du dramaturge, combinant les scènes de main de maître, c’est ce qu’en style de «planches», on peut appeler un « charpentier». Il rappelle, en ce point, avec plus d’écriture, nos auteurs du Boulevard les plus fameux. J’ai ouï raconter que sur les bords de la Sprée, Südermann, d’ailleurs auteur à succès, ne passait pas pour un novateur, un adepte de la nouvelle école, comme le fécond Gérard Hauptman, par exemple, dont les pièces hardies à tendances socialistes, troublent parfois l’impérial sommeil, il n’est pas, comme l’on dit, du dernier bateau, mais tout au plus de l’avant-dernier. Il cherche dans scs drames, l’émotion et l’action,
et il est certain que la satisfaction du public le préoccupe bien plus que la démonstration de la thèse, ce en quoi il n’a peut-être tort qu’à demi. Ce qui est certain aussi, c’est que là-bas, il a de grands succès, et un public fervent, et qu’ici le drame de l Hon
neur a plu beaucoup. On a trouvé les personnages bien campés, vivants, dessinés d’un bon crayon, et restant dans la logique de leur caractère. J’ajoute que l’interprétation excellente a contribué au succès du drame, et il n’y a qu’à donner des éloges... rétro
spectifs à Dumény, qui fut parfait en Baron de Saarberg, un rôle de belle humeur sentimental, et de douceur raisonneuse ; à Grand, naturel, dramatique et sympathique, sans oublier Bour, Signoret, Degeorge, Leubas, Mesdames Ellen Andrée, Gabrielle Fleury et Miéris.
Le spectacle suivant fut d’ordre médical : la pathologie et la thérapeutique y régnèrent en souveraines. Fut-ce voulu cette rencontre de deux pièces d’ordre semblable, ou simple effet du hasard î voilà ce que je ne saurais dire. Le directeur, toujours sceptique et parfois railleur, eut peut-être la fantaisie de nous donner, l’une suivant l’autre, l’apparition des deux cas, l’un sérieux par MM. Camille Le Senne et Adolphe Mayer, qui sous ce titre le Bâillon traitèrent la thèse du « secret professionnel » du méde
cin ; l’autre fournissant à MM. Pierre Véber et Maurice Soulié, l’occasion d’une farce truculente, où ces messieurs — comme fit leur grand aïeul Molière —■ tournèrent en ridicule médecine et
médecins.— Le Bâillon, quoique thèse bien présentée, avec une certaine recherche de forme, traitait d’une matière trop spéciale et trop fatalement ingrate, pour dépasser le succès d’estime que le public lui a adjugé. La pièce procédait un peu par confé
rences; et le public ne les aime guère. Quand on lui en fait, il s’écrierait volontiers, avec le bon Horace : Non erat hic locus...
puis, une de ces conférences dramatico-médicales concluait à cette proposition que : la tendresse conjugale est le meilleur des sérums de la tuberculose... et l’on a souri, comme eût faitledocteur Koch lui-même. — La farce de MM. Pierre Véber et Mau
rice Soulié, la Mariotte, une paysannerie de comique burlesque,
a mieux réussi, et a eu grand succès d’éclat de rire. Les paysans de ces messieurs n’ont rien de commun avec ceux de Florian ou de George Sand, ils fleurent le fumier, bien plus que l’ambre, mais ils sont de réalisme amusant, et leurs vilenies prennent un air de caricature si réjouissante, que l’âpreté disparaît.
Peu de temps après, l’affiche s’est renouvelée, — on sait que le système d’Antoine est d’alterner ses spectacles — avec une com
binaison coupée, composée d’un lever de rideau, d’un drame en deux actes, et d’une comédie en un acte. —- Le lever de rideau, signé de Mademoiselle Berthe Reynold, s’appelle Petite femme. C’est une épave inutile du théâtre « rosse », une peu éventé aujourd’hui — il eut jadis son heure... fugitive — les comédiens, con
scients de son peu de valeur, le jouèrent en « cinq sec », on croyait entendre la voix du régisseur leur criant de derrière un portant : « Allez-y, mes enfants, et surtout queça ne traîne pas... » En effet, je me souviens que ça n’a pas traîné. —La comédie, elle, fut signée Courteline. Elle était de bonne gaieté et eut son succès de fou rire. Cela s’appelle les Balances. Or ces balances sont-elles celles de la justice, qui parfois débite à faux poids? Le paradoxe est désopilant, parce qu’il est presque vrai, et que son ironie a l’odeur du bon sens. Il faut entendre les lamentations de l’infor
tuné La Brige, victime des inconséquences légales, qui s’épanche dans le sein cordial de son ami l’avoué Lonjumel : La Brige a
FOUAN
(M. Antoine)
DELHOMME (M. Leubas)
BUTEAU
(M. Signoret)
ROSE
(Mlle Barny)
FANNY
(Mlle E. Andrée)