Chronique Musicale La saison musicale 1902-1003 a commencé depuis environ
deux grands mois; les troupes, entièrement reconstituées, de nos deux grandes scènes lyriques, ont repris leurs exercices habi
tuels et nous n’avons pas encore vu représenter d’ouvrage iné
dit, ni à droite, ni à gauche ; mais les ré
pétitions succèdent aux
répétions, les raccords aux raccords, et notre attente ne sera plus de longue durée. Ce n’est qu’une affaire de jours,
et la présente année, à ce qu’on assure, ne s’achèvera pas sans que
nous ayons vu paraître à l’Opéra le Bacchus de M. Alphonse Duvernoy, puis les Paillasses de M. Leoncavallo. Un peu de patience donc, dirai-je auximpatients, qui voudraient qu’on leur servît toujours du
nouveau, la mise sur pied d’un drame lyri
que ou d’un grand bal
let ne s’improvise pas en quelques jours, et ne vaut-il pas mieux se résigner à attendre plutôt que de regretter,
après coup, d avoir trop peu attendu?
Voyez aussi quelle phalange de jeunes musiciens se presse du
côté de l’Opéra-Comique et comme M. Al
bert Carré leur fait large accueil. Après Pelléas et Mélisande et la Troupe Jolicœur, qu’il fit jouer à la fin de la saison dernière, et qu’il a remis sur l’af
fiche au moins deux fois depuis la réouverture, est-ce qu il se décourage, est-ce qu’il pense avoir assez fait pour tant de compo
siteurs de mérite, aux
quels sont données de trop rares occasions de
se produire et qui n’ont pas plus tôt vu repré
senter une de leurs paititions qu ils rêvent
d’en faire applaudir une autre? Voici quels auteurs se présentent en ligne pour la saison courante après M. Reynaldo Hahn, dont l Ile du rêve annonçait la Carmélite, car cette Ile du rêve fut, si j’ai bonne mémoire, le premier ouvrage monté par M. Carré tout de suite après son installation à l’Opéra-Comique.Ce sont M. Edmond Missa, l’auteur de Ninon de Lenclos, qui s in
scrit en première ligne avec Muguette; M. Xa
vier Leroux, dont la Reine Fiammette bénéficiera du reten
tissement d Astarté ; M.Georges Hüe, de qui les préférences vont sûrement à sa Titania, son Roi de Paris ayant fini de régner; c est peut-être, enfin, M. Al
fred Bruneau, dont l Enfant roi a vu le jour au milieu des violentes rafales de l’Ouragan.
Mais tout cela, c’est l’avenir, c’est ce qui nous occupera demain; parlons un peu de ce qui se passait hier. Etions-nous bien à Paris, n’étions - nous pas plutôt à Londres
Cliché Cautin & Berger.
Mlle FÉART
Rôle de Doua Anna. — DON JUAN
ACADÉMIE NATIONALE DE MUSIQUE