Photos Schotel (Rotterdam).
M-me VAN EYSDEN-VINK
Rôle de Kathi. — ALT HEIDELBERG
M-me VAN EYSDEN-VINK
Rôle de Clorinde. — L’AVENTURIÈRE
M-me VAN EYSDEN-VINK
à la Ville


Madame Van Eysden-Vink


foules se disputaient les places, et les députations des différentes classes des habitants venaient lui offrir les preuves matérielles de leur attachement. Elle parcourait en reine le pays qui la con
naissait depuis un quart de siècle. On mettait le drapeau à la fenêtre, on dételait les chevaux de sa voiture. Bref, pendant plus de deux mois, la Hollande des théâtres fut en fête pour celle qui pendant vingt-cinq ans avait su captiver le public et s’en faire aimer.
Il faut chercher l’explication de cette profonde sympathie des Hollandais autant dans le caractère que dansle talent de Madame Van Eysden-Vink.
Chez ses compatriotes en général, les idées sont telles que, devant l’opinion publique, l’actrice et la femme ne se séparent que fort difficilement. Or, on avait trouvé en elle une personne d’un réel talent comme artiste et d’une grande valeur comme femme. Pour les Hollandais, au caractère tranquille, au regard froid et perçant, la distinction de l’actrice doit être doublée de la distinction de la femme. Madame Van Eysden-Vink leur donnait cette haute jouissance et ils lui en savaient gré.
Mais les années marchent rapidement, et voilà que la pétillante Mademoiselle Vink si gaie, si enjouée, qui fit de si déli
cieuses ingénues, a dû prendre d’autres rôles. C’est ainsi qu’elle est devenue la « grande coquette » par excellence du théâtre hollandais.
Elle vient d’avoir quarante ans. N’importe ! Gardant sa verve endiablée, brûlant les planches, entraînant toute une salle par les frais éclats de son rire argentin ou émouvant son auditoire par la note vraie de sa douleur et de ses tristesses, Madame Van Eysden-Vink est au plus mûr de son beau et jeune talent. Il lui sera réservé, espérons-le, encore de longues années pendant lesquelles elle continuera à montrer sur la scène hollandaise l’heureuse union d’un grand talent et d’une belle âme.
A.-J. BROUWER.
Il y a vingt-cinq ans que la très sympathique actrice hollandaise que nous présentons aujourd’hui à nos lecteurs débutait toute jeune encore, une enfant presque, au théâtre d’Amsterdam.
Sa première entrée en scène fut un succès, son début une victoire. Elle se fit couvrir d’applaudissements et sut, du premier coup, se
gagner les sympathies du public. Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis et rien n’est changé. Madame Van Eysden-Vink est toujours la plus populaire, la plus aimée, la plus applaudie des actrices en Hollande.
Toujours jeune, d’une observation fine et juste, joignant à un remarquable talent de comédienne le tact, le savoir-faire et le bon goût d’un esprit élevé, Madame Van Eysden-Vink est restée l’en
fant favorite du public hollandais qui partout où elle se montre, lui prodigue les preuves d’une sympathie jamais épuisée. On a pu le constater lorsque, en 1891, peu de temps après son mariage avec M. Van Eysden, actuellement directeur du théâtre de Rotterdam, elle fit une tournée à travers la Hollande et que les représenta
tions où elle jouait les rôles de Frou-Frou, de Marcelle, de Léonie Letellier et d’autres, furent autant d’occasions pour les Hollandais — si réservés cependant ! — de lui montrer dans des élans d’enthousiasme à quel point elle était pour eux l’actrice de prédilection.
Mais il a fallu qu’elle célébrât ses « noces d’argent » avec le théâtre pour que ses compatriotes lui fissent comprendre d’une manière toute particulière combien elle est aimée. Pendant les mois de février, de mars et d’avril de cette année une série de fêtes ont été organisées en son honneur. C’est Rotterdam qui a commencé, les autres villes des Pays-Bas, grandes et petites, ont suivi. C’était une explosion de sympathie comme on ne se rap
pelle guère en avoir vu dans ce pays pour n’importe quelle actrice,
un besoin de témoigner son affection se faisant jour dans des sérénades et des feux d’artifice, dans des représentations où les