Photo Du Guy.
M-lle ROVER
2-e Prix d’opéra. — 1-er Accessit de chaut
Photo Du Guy.M-lle LAMARE
2-e Prix d’opéra-comique. — 1-er Accessit de chant
Photo Manuel.
M. MORATI
2-e Prix de chant. — 1-er Accessit d’opéra-comique
peine, très bien douée, elle a de l’a­ venir devant elle.
Plus houleux fut le
concours d’opéra-comique. Là encore les femmes ont battu les hommes, avec une réelle supériorité.
Mais les dé
cisions du jury, au côté
féminin, n’ont obtenu qu’un succès d’estime à rebours, ça ne fut pas tout à fait le silence des peuples, qui est la leçon des rois, par qui fut accueilli le prononcé de ses décisions. Il est vrai qu’il faisait tellement chaud que le sang-froid des juges a pu s’en ressentir.
Du côté masculin, donc, ni premier ni second prix. Trois premiers accessits seulement à MM. Georges Petit, bon concours dans le Roi l’a dit...; Simard, qui a concouru dans l’Attaque du Moulin, un choix pas très heureux; et Morati, qui a réussi dans le duo de Mireille, mieux encore, peut-être, dans le rôle du che
valier Roland d Esclarmonde. Un second accessit a été donné à M. Doumier, qui a joué et chanté assez lourdement le Bartholo du Barbier de Séville, mais qui a une certaine rondeur, et pourra arriver à tenir l’emploi.
Bruyant et orageux, le compartiment des dames, le public ne s’y accorda guère avec le jury, et même il le fit trop voir. Deux premiers prix ont été décernés, à Mademoiselle Guionie, une Esclarmonde d’aimable bourgeoisie; et à Madame Vallandri, qui a fait preuve de quelques qualités, dans l’interprétation du pre
mier acte de Manon, — or, il faut en convenir, le public en avait jugé autrement, et pour lui le premier prix devait aller à Mademoiselle Vix qui avait chanté et joué, avec une maestria incom
parable le rôle de Santuzza de Caval
leria Rusticana, où son masque douloureux, son énergie, ses gestes tourmentés avaient fait impression.
L’étonnement fut donc grand de la voir placer au second rang, avec un prix décerné à l’ « unanimité » il est vrai... ce qui avait l’air d’excuses ti
mides. Un autre second prix a été donné à Mademoiselle Lamare qui s’était vaillamment tirée d’un mauvais pas, une scène de fadeur prise dans la partition médiocre des Saisons. Premier accessit à Mademoiselle Mathieu que nous avons signalée déjà, au concours de chant. C’est une déli
cieuse soubrette au museau chiffonné, qui fut exquise dans la scène du Maître de Chapelle, qui, cependant,
nuit pas. Ensuite, trois se
conds prix: à Mademoiselle Ma
thieu, qui a chanté le Billet de Loterie de Nicoloavec un bel en
train qui voisine l o­
pérette. Cette petite
personne exquise, de grâce mutine et de
gaieté communicative, m’a rappelé la Jeanne Granier de la vingtième année. — Je ne vous fais pas un mince compliment,
Mademoiselle ! — Mademoiselle Mancini, une brune, qui a du style, mais grasseye légèrement (air de Fidelio), et Madame Val
landri, moins heureuse dans un air du Mariage de Figaro, peu adapté à sa voix.
Pluie d’accessits, — quatre premiers, à Mesdemoiselles Lamare, qui a du goût et du savoir-faire musical ; Royer, adroite et douée d’une belle voix; Lapeyrette, dons naturels et inexpé
rience; et Ennerie, une certaine science musicale. — Deux seconds accessits, à Mademoiselle Bourgeois et Madame Hébert... Nous en reparlerons l’année prochaine.
Cette année, au concours d’opéra, tout comme l’année dernière, ce sont les femmes qui ont battu le record et aussi... les hommes, Le vilain sexe a fait piètre figure. Le jury sévère, mais juste, n’a décerné ni premier ni second prix. Il a bien fait. Sa générosité s’est répandue en trois premiers accessits, à MM. Corpait, Simard et Milhau, dont il n’y a pas grand’chose à dire.
Du côté des femmes, voici un premier prix décerné à « l’unanimité » à Mademoiselle Vix, et le président du jury aurait pu dire, comme fit jadis Auber, qu’on ne prenait jamais à court :
« Mademoiselle, à l’unanimité, le jury et le public vous ont décerné un premier prix! » Jury et public, en effet, se sont trouvés absolument d’ac
cord. Mademoiselle Vix a interprété avec beaucoup de justesse, de savoir, et de sérieuses qualités, des rôles d’une variété singulière, Dolorès de Patrie,
Sélika de l Africaine, et même le tra
vesti Gemini de Guillaume Tell; c’est une artiste « faite », qui a de l’accent personnel et une grande aisance scénique. — Deux seconds prix, à Made
moiselle Mérentié (I-er prix de chant), qui a eu un assez bon concours dans la Chimène du Cid; et à Mademoiselle Royer, assez expressive Amnéris d Aïda. Enfin un premier accessit très mérité à Mademoiselle Duchêne qui,
elle aussi, a dit Aida. Mademoiselle Duchêne est toute jeune, vingt ans à