Cliché Boyer.
MOUCK
(M. Laffitte)
SÉLIM
(M. A lire)
Acte Ier. — 2e Tableau
AMGIAD
(M. Delmas)


Décor de MM. Jambon & Bailly. ACADÉMIE NATIONALE DE MUSIQUE




La Statue


Opéra-Féerie en cinq actes et sept tableaux, de MICHEL CARRÉ et JULES BARBIER; Musique de M. E. REYER
L Opéra, comme c est son droit, prend son bien où il le trouve, et, plus d’une fois déjà, il a fait d’heureux emprunts au répertoire de l ancien Théâtre Lyrique, où l’Opéra - Comique aussi ne laisse pas que de puiser. Cela prouve au moins que ce Théâtre Lyrique eut une activité singulière et que, s’il mena à la déconfi
ture presque tous les directeurs qui s’y aventurèrent, il donna du moins le jour à des ouvrages qui ont marqué dans les annales de la musique à la fin du siècle dernier, et ont déjà passable
ment d’années derrière eux. Faust, qui vit le jour en 1859,
est arrivé depuis longtemps à l’Opéra, où il jouit présentement de la plus grande faveur; Roméo et Juliette, qui date seulement de 1867, y a pris place également, après avoir passé parl’Opéra- Comique, et voilà maintenant la Statue, qui, s’étant jouée pri
mitivement sur ce même Théâtre Lyrique, en 1861, et ayant traversé l’Opéra-Comique en 1878, va se fixer sans doute à l’Académie de musique, à côté de Sigurd et de Salammbô.
Ce dut être une bien grande joie pour l auteur que de voir reparaître ainsi l’ouvrage qui avait marqué le point culmi
nant de la première partie de sa carrière — à trente-sept ans — et qui succédant à des oeuvres de moindre importance : l’odesyntphonie du Sélam, l’opéra-comique de Maître Wolfram, le
ballet indien de Sacountala, l’avait posé comme un des jeunes musiciens les plus marquants de l’école française et comme celui qui marchait le plus délibérément en dehors des chemins battus par la foule des compositeurs. C’est que celui-là s’était bien formé tout seul ; c’est qu’il n’avait passé par aucun Conser
vatoire, par aucune école, et qu’il laissait librement couler son
inspiration, non sans avoir choisi parmi les plus grands maîtres classiques des modèles dont l’exemple et les œuvres étaient toujours devant son esprit et ses yeux. Il était arrivé tout droit d’Algérie à Paris, ce jeune Marseillais que ses parents,
pour le détourner, s’il était possible, de la musique, avaient envoyé auprès d’un oncle, fonctionnaire de l’administration des Finances à Alger; mais cet exil n’avait eu aucun résultat. Le
jeune homme, à Alger comme à Marseille, était uniquement occupé à noircir du papier de musique, et, si minces que fussent alors ses connaissances musicales, qu’il tenait d’un nommé Barsotti, professeur à l’école communale de Marseille, il