Un escalier, deux femmes, deux lampes. Cette course de deux flambeaux, c’est l Enigme.
Ces Parisiennes exquises semblent interroger avec curiosité leurs petites lampes abatjourées de rose, tel Diogène dans les sentiers de l’Attique demandant à sa lanterne où il pourrait trouver un homme. Elle ne lui répondait rien, car elle ne l’entendait pas, étant une lanterne sourde.
Mesdames Giselle et Eléonore de Gourgiran ne cherchent pas un homme. On en trouve un, qu’on ne cherchait pas, dans le couloir qui dessert leurs deux chambres, et les deux petites
lampes que vous voyez ci-contre n’éclairent que faiblement la situation.
Le sujet de la pièce est dans toutes les mémoires. Les causes de l’immense succès qu’elle emporta ont cessé d’être


une énigme pour quiconque. Aussi, ne la raconterons-nous point.


Cette œuvre, si forte, eut, en sus de ses autres mérités, celui de compléter heureusement un répertoire qui comptait déjà un Œdipe et un Sphinx. Le jour où ces trois ouvrages se trouve
ront réunis sur une affiche, nous aurons la reconstitution totale d’un des incidents les plus sensationnels de la mythologie grecque.
Mais j’aperçois dans l’assistance quelqu’un qui me demande : Pourquoi l Énigme, ce drame si précis, si intense, n’eut-il que deux actes, métrage déconcertant qui laisse au public le regret de beautés trop brèves, trop haletantes, trop ramassées ?
Or, sachez-le, Mesdames et Messieurs, l’Enigme a trois
actes, elle les a, sinon en réalité, du moins en puissance; elle L’ENIGME. — COMÉDIE-FRANÇAISE
Mlle JULIA BARTET
Rôle de Léonore
Mlle MARTHE BRANDÈS
Rôle de Giselle