s’agit que de quelques appareils, ou peut, au contraire, sc tenir très près de la limite, et ne pas craindre même de risquer un peu ses instruments, si en échange, on peut gagner en exploration quelques kilomètres de hauteur.
Les conditions générales du problème étant ainsi posées, voici le programme spécial que le comman
dant Renard avait tracé : Emporter, à 20 kilomètres de hauteur, un ensemble d’appareils tels que ther
mographe, barographe, aetinographe, ainsi que des instruments destinés à enregistrer les phénomènes électriques, ou à rapporter de l’air recueilli dans ces hautes régions. Ces instruments peuvent, du reste, être emportés successivement, le barographe faisant naturellement partie de chaque expédition.
Pour les deux premiers enregistreurs, il n’y avait
pas de grosses difficultés, car M. Ri
chard les a presque toutes vaincues d’avance dans ses ingénieux instru
ments; il suffisait de les alléger, et nous verrons que l’habile construc
teur s’en est acquitté à merveille. L aetinographe est plus délicat; ce
pendant, grâce à l’intérêt que M. J. Violle a porté dès le début au projet, l’appareil est aujourd’hui en bonne voie, et on peut espérer que les données de ces nouvelles recherches compléteront celles que l’émi
nent physicien est allé recueillir sur le plus haut sommet de l’Europe. M. Leduc, qui s’est livré à des re
cherches sur la composition de l’air, a préparé des ballons qui s’ouvriront automatiquement, et se refermeront aussitôt; M. le commandant
Renard m’ayant, il y a longtemps déjà, fait l’honneur de m’exposer ses projets, j’ai pensé qu’il serait possible de contrôler la loi de va
riation de la pression au moyen d’un
bathomèlre, instrument servant à mesurer la pesanteur ; maisaucune forme de cet appa
reil n’a paru jusqu’ici absolument satisfaisante, étant donnée surtout la limite de poids imposée par la construction de l’aérostat. Ce contrôle de la for
mule de Laplace n’est point inutile, car, ainsi que M. Mascart l a montré récemment, l’observation ne s’accorde pas avec la formule logarithmique aux grandes altitudes.
Mais il est temps d’aborder l’étude pratique de la (pies lion.
11 était désirable de ne pas dépasser beaucoup 100 mètres cubes pour le volume du ballon, afin de
réduire à un minimum les frais de gonflement, et d’augmenter, à dépense égale, le nombre des ex
cursions. La force ascensionnelle de l’hydrogène commun étant, dans les conditions ordinaires, au départ de 1^kg,122 par mètre cube, le poids que peut supporter le ballon, dans les régions où la pression
est réduite au dixième, n’est que de ll^kg, 22, y compris celui d’une enveloppe imperméable de 104 mè
tres carrés. La limite imposée pour le poids de cette dernière était de 50 grammes par mètre carré; elle devait, de plus, être assez forte pour résister à une pression de 50 à 55 millimètres d’eau, avec un diamètre de 0 mètres environ. L’ensemble des in
struments, avec leurs parachocs et du filet, ne devait pas dépasser beaucoup 5 kilogrammes.
Voici comment ces diverses conditions ont été remplies. L’enveloppe est faite en papier japonais dit pelure, imperméabilisé par un vernis spécial, et atteignant juste la limite imposée. Le coût du ballon est de 150 francs, et il pourra être réparé indéfiniment. Le barographe et le thermographe, qui pe
saient au début 2^kg,8 chacun, ont été réduits à moins de l^kg,200, par un emploi judicieux de l’alumi
nium, et un allégement rationnel de toutes les pièces. Quant aux parachocs, destinés à éviter que les appa
reils soient endommagés dans l’atterrissage, ils sont formés d’une cage en osier et bambou, convenable
ment croisillonnée et dans laquelle l’instrument est suspendu par des caoutchoucs fixés aux huit angles de la boîte. La figure 1 représente le thermographe bien connu de M. Richard; la spirale destinée à prendre la température de l’air est enfermée dans un cylindre perforé que l’on voit à l’arrière de la
figure; elle contient de l’alcool dans une cavité intérieure de 0^mm,2 d’épaisseur; on la protégera en
tièrement du rayonnement solaire sous un parasol à claire-voie.
On voit, dans la figure 2, le barographe dans sa cage. La protection est si efficace que, au cours de sa communication à la Société de physique, le comman
dant Renard a pu jeter l’instrument violemment à
terre dans toutes les directions sans que le mouvement d’horlogerie cessât de marcher. A moins d’imprévu,
c’est-à-dire de bourrasque, l’aérostat agissant comme parachute ne doit pas posséder, à l’atterrissage, une vitesse totale supérieure à G mètres par seconde, et les chocs resteront inférieurs à ceux que les instruments ont déjà subis.
La figure 5 montre l’ensemble du projet tel qu’il est arrêté pour les premières ascensions. En voici, du reste, les données numériques exactes :
Divers accessoires porteront ce poids à 10 kilogrammes. Dans ces conditions, le ballon montera jusqu’à ce que la force ascensionnelle soit réduite à 10/113 — 0^kg,0885 par mètre cube, et la pression, par conséquent, à 0,0885/1,122=0^kg,079, c’est-à-dire, dans une région où le baromètre est à 58mm ; l’alti
Fig. 3. — Ballon perdu emportant ses instruments enregistreurs. — T. Thermomètre. — 11. Baromètre.