THÉATRE SARAH-BERNHARDT


Pièce en six actes, de M. PAUL HERVIEU
pèrent et ne l’obtiennent pas, c’est le drame et la tragédie! Eh oui! Rodrigue combat pour Chimène; Oreste tue pour Hermione;
Arnolphe s’arrache les cheveux pour Agnès; Alceste s’exile pour Célimène, et Figaro pleure pour Suzanne... Et c’est encore pour Camille et Jeannine que discourt Madame Aubray ; c’est pour Suzanne d’Ange qu’Olivier de Jalin et Raymond de Nanjac se battent; c’est pour Jacques Sternay que pleure Clara Vignot; c’est pour Denise que combat André de Bardannes...
Et M. Paul Hervieu, grand écrivain, grand dramaturge, et aussi grand poète, à son tour, reprend la même route... Le théâtre, quoi qu’on fasse, est et restera le temple de la femme; c’est là qu’elle se venge de l’homme, et le dramaturge n’a qu’une raison d’être et qu’une seule cause : l’amour. Les luttes de deux êtres, leurs souffrances, leurs joies, voilà leur sujet, l’éternel sujet; voilà l’idée, voilà la scène à faire! M. Paul Hervieu, dans la Course du Flambeau, l’a triomphalement prouvé; qu’elle soit jeune fille, épouse ou amante, mère ou grand’mère, la femme aime et a besoin d’être aimée ; là est sa nature, là est sa force, là est sa pensée, là est son cœur.
« La Révolution, écrit M. Hervieu au troisième acte de Théroigne de Méricourt, n’a pas dé
moli la Bastille des
rois pour que des journaux s’érigent en châteaux forts
où le bon plaisir de
l’écrivain peut jeter hommes et femmes dans les oubliettes du ridicule ou de l’ignominie... Tu ris ? Tu as tort.
Quelle que soit la cause dont on est le défenseur, quicon
que accuse sans contrôle, insulte sans scrupule et calomnie comme il respire, celui-là ris
que un châtiment sans mesure ; que son ricanement finisse en râle !... »
Voilà la genèse du drame, voilà l’idée de la pièce, en voilà aussi la morale. Impossible
Lorsqu’on considère le chemin parcouru depuis le jour où M. Paul Hervieu offrit, au Vaude
ville, son premier essai de théâtre, les Paroles restent, comédie d’une subtilité exquise, on est étonné et ravi. Avoir donné dans le roman deux œuvres rayonnantes : VArmature et Peints par eux-mêmes, s’être emparé de la scène en nous livrant les poignantes Tenailles, la frémissante
Loi de l Homme, l’admirable Course du Flambeau, qu’il faut tenir pour le chef-d’œuvre dramatique de ces vingt dernières années, et terminer cette série par la triomphante Enigme et la belle Théroigne de Méricourt, n’y a-t-il pas là le plus parfait exemple de probité artistique ?
C’est que M. Paul Hervieu, en héritier de nos grands classiques, considère qu’au théâtre, les combinaisons multiples, les péripéties ingénieuses et les incidents extraordinaires ne comp
tent pas. Il reprend la claire et saine formule; il pense qu’en littérature dramatique les choses sont et restent toujours les mêmes et que ce sont les milieux, les mœurs, les costumes et les surfaces seuls qui se modifient; c’est dans l’âme une et infinie qu’il cherche et qu’il puise. Il sait bien que les sentiments
les plus simples,
les plus communs et parfois même les plus vulgaires, restent, pour le psychologue attentif, un fonds inépuisa
ble, et, vite, il va aux causes et aux effets de ces senti
ments, à leur morale et à leur direc
tion, sentant bien que là est leur véri
table génie. Et n’est-ce point, d’ail
leurs, Dumas, — toujours Dumas! — qui s’ingéniait à montrer que tous
les combats des héros de théâtre ont
invariabl ement pour récompense la possession d’une Chimène ? Quand ils épousent cette Chimène, s’écriaitil, c’est la comédie!
Quand ils se déses
Cliché Boyer.
UNE DAME DE LA COUR IMPÉRIALE (M-lle Kerwich) THÉROIGNE DE MÉRICOURT
Cliché Boyer.
UN sans-culotte (M. Desplanques)
THÉROIGNE DE MÉRICOURT


Théroigne de Méricourt