ciers, ils n’en ont pas l’élégance et l’imprévu. Ce voyage est, quand même, un bon spectacle d’été. C’est la «Suisse chez soi ». Cela vous dispense de faire un voyage fatigant pour aller au « Mont-Rose »; avec un fauteuil d’orchestre de cent sous on en peutvoir le tour, comme l’on dit, et il n y a pas de train de plaisir plus économique. — Enfin, au Vaudeville, Madame Réjane, retour d’Italie et en partance pour l’Angleterre, a repassé quelques-uns de ses rôles à succès : Sapho, Heureuse, la Course au Flambeau, la Passerelle, ont repris l’affiche tour à tour, mais seulement pour un nombre très limité de représentations. — A signaler encore, la transplantation, au Châtelet, du vieux Robert Macaire, précédé de l Auberge des Adrets, un bien petit drame pour un si grand cadre. Le rôle héroïque et légendaire de Robert a été joué par Daragon assez convenablement; celui de Bertrand, par Pougaud amusant, comme d’habitude, et plus dans la tradition que l’obèse Dailly, qui le joua jadis à la Porte-Saint-Martin. A consulter Daumier, qui fait autorité, en la matière, Bertrand, type idéal du « crèvela-faim » était maigre.
Les nouveautés sont peu nombreuses. Je ne vois à citer que deux petits actes au Théâtre des Capucines, d’un genre très différent, mais qui ont obtenu, l’un et l’autre, plus de succès qu’ils ne sont gros : La Peur, comédie-proverbe, admi
rablement jouée par Tarride, André Dubosc et Mademoiselle Jeanne Thomassin, et Monsieur Malé\ieux, non moins bien joué par Tarride et Mademoiselle Jeanne Thomassin, qui trouvèrent dans l’interprétation de ces deux pièces, d’allure si différente,
l’occasion de témoigner d’une étonnante souplesse de talent. — A ce propos, un critique, et non des moindres, faisait remarquer, avec raison, qu’il y avait, en ce moment, des signes certains de renaissance pour la pièce en un acte qui, depuis longtemps tombée en oubli, presque en mépris, semblait « reprendre du pied » et retrouver une clientèle nombreuse, celle des gens qui vont chercher au théâtre un simple délas
sement d’esprit et l’emploi agréable d’une soirée, et non la fatigue cérébrale que donne parfois le développement d’une action de psychologie compliquée.
Le Gymnase nous a conviés, « en déballage », à la représentation d’une pièce symbolique de M. Maurice Maeterlinck,
Joy\elle, qui n’a pas été au delà du succès d’estime. Ce sont choses trop subtiles et trop compliquées pour un public pari
sien. L’impresario aura, comme l’on dit, plus d’agrément en Allemagne et en Autriche, peut-être même en Angleterre, que chez nous, où, quoi qu’on fasse, on acclimatera difficilement ce genre de littérature, mal accepté de notre tempérament curieux surtout de clarté et de concision.
Miss Isadora Duncan, une danseuse américaine, qui considère l’art de la danse comme un sacerdoce, est venue porter le « bon geste » au Théâtre Sarah-Bernhardt et tenter la con
version des pharisiens de Paris. Je crains qu’elle n’ait réussi qu’à demi. Elle a eu, m’a-t-on dit, grand succès à Berlin, indif
férence à Vienne. Il me paraît que notre caractère se rapproche plus du caractère viennois, que du caractère berlinois. Deux heures, occupées uniquement par une série de pas pliisou moins
LE NOUVEAU RIDEAU DE LA COMEDIE-FRANÇAISE, PEINT PAR M. DESPOUY
Les nouveautés sont peu nombreuses. Je ne vois à citer que deux petits actes au Théâtre des Capucines, d’un genre très différent, mais qui ont obtenu, l’un et l’autre, plus de succès qu’ils ne sont gros : La Peur, comédie-proverbe, admi
rablement jouée par Tarride, André Dubosc et Mademoiselle Jeanne Thomassin, et Monsieur Malé\ieux, non moins bien joué par Tarride et Mademoiselle Jeanne Thomassin, qui trouvèrent dans l’interprétation de ces deux pièces, d’allure si différente,
l’occasion de témoigner d’une étonnante souplesse de talent. — A ce propos, un critique, et non des moindres, faisait remarquer, avec raison, qu’il y avait, en ce moment, des signes certains de renaissance pour la pièce en un acte qui, depuis longtemps tombée en oubli, presque en mépris, semblait « reprendre du pied » et retrouver une clientèle nombreuse, celle des gens qui vont chercher au théâtre un simple délas
sement d’esprit et l’emploi agréable d’une soirée, et non la fatigue cérébrale que donne parfois le développement d’une action de psychologie compliquée.
Le Gymnase nous a conviés, « en déballage », à la représentation d’une pièce symbolique de M. Maurice Maeterlinck,
Joy\elle, qui n’a pas été au delà du succès d’estime. Ce sont choses trop subtiles et trop compliquées pour un public pari
sien. L’impresario aura, comme l’on dit, plus d’agrément en Allemagne et en Autriche, peut-être même en Angleterre, que chez nous, où, quoi qu’on fasse, on acclimatera difficilement ce genre de littérature, mal accepté de notre tempérament curieux surtout de clarté et de concision.
Miss Isadora Duncan, une danseuse américaine, qui considère l’art de la danse comme un sacerdoce, est venue porter le « bon geste » au Théâtre Sarah-Bernhardt et tenter la con
version des pharisiens de Paris. Je crains qu’elle n’ait réussi qu’à demi. Elle a eu, m’a-t-on dit, grand succès à Berlin, indif
férence à Vienne. Il me paraît que notre caractère se rapproche plus du caractère viennois, que du caractère berlinois. Deux heures, occupées uniquement par une série de pas pliisou moins
LE NOUVEAU RIDEAU DE LA COMEDIE-FRANÇAISE, PEINT PAR M. DESPOUY