M. LE BARGY, DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE
Cliché Boissonnas & Taponier.


COMÉDIE-FRANÇAISE




L’Autre Danger


Comédie en quatre actes, en prose, de M. MAURICE DONNAY
déchirant sur quoi s’appesantit le geste impérieux du Destin et où vous chercheriez vainement quelque trace de l’optimisme artificiel qui est aujourd’hui à la mode autant que le cake-walk.
Mais résumons le sujet au moins pour les heureux qui ont fui cet hiver de boue et de brume et se languissent parfois de la Grand’Ville dans la monotone et pacifique douceur des petites cités lointaines de luxe et de ciel ensoleillé.
Par une chaude soirée d’été, sans s’y être attendu aucunement, chez des amis qui le prièrent à dîner, M. Freydières, après des années de séparation, se heurte à la femme qui fut la petite amie de ses jeux d’adolescent, l’éveilleuse inconsciente de son cœur qui sommeillait comme en des langes blancs, la confidente de ses désirs ingénus et dont le mariage lui causa sa première peine sérieuse et mémorable. Le hasard qui se plaît à ces aventures leur ménage quelques instants de tête-à-tête. Et ils évoquent l’enchantement délicieux et éphémère du passé, ils se rappellent avec des mots très doux des choses très douces, ils rêvent tout haut, ils se confessent l’un à l’autre d’une voix qui peu à peu se trouble, s’oppresse, s’affaiblit. Et l’aveu fatal, la plainte qu’il espérait, qu’il souhaitait, jaillit soudain des lèvres enfiévrées de Claire Jadin. « Oui, s’écrie-t-il, quand meurtrie elle lui a dit com
Je ne sais pas, dans notre théâtre contemporain, en dehors de ce sensitif douloureux et comme éternellement blessé, de cet amateur passionné de voluptés rares et subtiles qu’est Georges de Porto-Riche, d’écrivain qui soit plus près du cœur de la femme que Maurice Donnay, qui en ait révélé avec plus de généreuse et d’émou
vante compassion, avec plus de tendresse et de clairvoyance,les élans instinctifs, les révoltes, les servitudes, les crises, les aban
dons, les pudeurs, la versatilité, et dont le dialogue vibrant et prenant vous donne aussi complètement la sensation de la vie et de l’amour. Voilà pourquoi, celles, dans le monde, qui seraient enclines à faire quelques réserves sur l’audace angois
sante et les côtés scabreux d’une des pires situations qui aient été mises à la scène ne peuvent résister à l’espèce de vertige qui en émane, ont l’air d’en médire seulement par acquit de conscience, et de même qu’un avocat général qui, les yeux pleins de larmes, exhorte les jurés à se montrer indulgents, requiert contre l’accusé une peine minime et illusoire, applaudissent, chaque soir, comme on applaudit plutôt rarement à la Comédie-Française, sanctuaire frigorifique, ce quatrième acte tragique et