Cliché Boyer.
M. GEORGES HUE
Drame musical en trois actes, de MM. Louis GALLET et A. CORNEAU, musique de M. GEORGES HÜE
dominent l’antique abbaye de Melrose, il vit apparaître à ses yeux, dans une nuée d’argent, une radieuse et brillante déesse, arc à la main, carquois au côté. A cette vue, et comme il avait de la religion, le vieux poète s’imagina d’abord qu’il avait devantlui Notre Dame la Vierge Marie et fut pris d’un si grand trouble qu’il en pensa mourir sur place. Il essaya cependant d’effleurer de ses mains tremblantes les voiles flottants de la belle inconnue : « Ah ! laisse-moi, ditelle, ne me touche pas si tu ne veux pas que je perde à l’instant toute ma beauté. — Que m’importe? s’écria le poète en
flammé d’amour; belle ou laide, je ne vous quitte pas et vous suivrai partout. » D’une vigoureuse étreinte, il entraîna la belle dame sous le chêne magique et là, les deux amants s’oublièrent pendant toute une journée dans les bras l’un de l’autre, scellant jusque par sept fois, dit naïvement le conte, leur bienheureuse union. Mais lorsqu’il s’éveilla de cette
vez-vous entendu parler quelquefois du vieux conteur Thomas le rimeur qui fut un des pre
miers à chanter les amours du
chevalier Tristan et de la princesse Iseult? Il est fort possible que non; c’est cependant à lui qu’arriva, si l’on en croit certaine vieille ballade écossaise, l’amou
reuse et funeste aventure où le héros du nouveau drame lyrique que je vais vous
conter perdit la vie. Et l’ensorcelante déesse à laquelle Yann le rimeur sa
crifie la tendre affection qui l’attend sur terre aux côtés de son amie d’enfance, Hermine; la sensuelle et volage chasse
resse qui trouble ainsi la raison des poètes ou des chevaliers, puis les aban
donne aux cruels tourments d’un amour inassouvi, n’est autre que l’enivrante et capricieuse épouse du roi des génies : c’est Titania.
Un jour que le bon poète Thomas était assis sous le vieux chêne d’Eildon, au versant d’une des trois collines qui
Cliché Boyer.obÉron (M. Allard)PHILIDA (M-lle Chasles) Acte II. — Ballet
Décor de M. Jusseaume.
M. GEORGES HUE
THÉATRE NATIONAL DE L’OPÉRA-COMIQUE
TITANIA
Drame musical en trois actes, de MM. Louis GALLET et A. CORNEAU, musique de M. GEORGES HÜE
dominent l’antique abbaye de Melrose, il vit apparaître à ses yeux, dans une nuée d’argent, une radieuse et brillante déesse, arc à la main, carquois au côté. A cette vue, et comme il avait de la religion, le vieux poète s’imagina d’abord qu’il avait devantlui Notre Dame la Vierge Marie et fut pris d’un si grand trouble qu’il en pensa mourir sur place. Il essaya cependant d’effleurer de ses mains tremblantes les voiles flottants de la belle inconnue : « Ah ! laisse-moi, ditelle, ne me touche pas si tu ne veux pas que je perde à l’instant toute ma beauté. — Que m’importe? s’écria le poète en
flammé d’amour; belle ou laide, je ne vous quitte pas et vous suivrai partout. » D’une vigoureuse étreinte, il entraîna la belle dame sous le chêne magique et là, les deux amants s’oublièrent pendant toute une journée dans les bras l’un de l’autre, scellant jusque par sept fois, dit naïvement le conte, leur bienheureuse union. Mais lorsqu’il s’éveilla de cette
A
vez-vous entendu parler quelquefois du vieux conteur Thomas le rimeur qui fut un des pre
miers à chanter les amours du
chevalier Tristan et de la princesse Iseult? Il est fort possible que non; c’est cependant à lui qu’arriva, si l’on en croit certaine vieille ballade écossaise, l’amou
reuse et funeste aventure où le héros du nouveau drame lyrique que je vais vous
conter perdit la vie. Et l’ensorcelante déesse à laquelle Yann le rimeur sa
crifie la tendre affection qui l’attend sur terre aux côtés de son amie d’enfance, Hermine; la sensuelle et volage chasse
resse qui trouble ainsi la raison des poètes ou des chevaliers, puis les aban
donne aux cruels tourments d’un amour inassouvi, n’est autre que l’enivrante et capricieuse épouse du roi des génies : c’est Titania.
Un jour que le bon poète Thomas était assis sous le vieux chêne d’Eildon, au versant d’une des trois collines qui
Cliché Boyer.obÉron (M. Allard)PHILIDA (M-lle Chasles) Acte II. — Ballet
Décor de M. Jusseaume.