COMÉDIE-FRANÇAISE
es Phéniciennes nous arrivent en droite ligne du théâtre d’Orange, où elles furent représen
tées, avec succès, en août 1902. L’auteur, dans sa préface, nous prévient que son drame n’est ni une traduction, ni même une adaptation. C’est autre chose, une pièce « inspirée » par l’œuvre originale, qui, simplement, a servi de modèle et de « point de départ ». Le procédé n’est pas nou
veau, ce fut un peu celui de Ducis. Au temps jadis, le drame de M. Georges Rivollet eût été qualifié « imité d’Euripide ». L’auteur a-t-il eu tort ou raison d’agir ainsi ? Valait-il mieux traduire l’œuvre dans sa conception d’origine, ou bien, suivant le procédé de Jules Lacroix, 1’ « adapter », comme fit celui-ci, quand il écrivit, d’après Sophocle, son Œdipe-Roi ? Les trois systèmes ont leurs partisans. Ceux qui tiennent pour la traduction littérale vous disent que c’est la seule
manière de faire comprendre un chef-d’œuvre; qu’il faut le livrer dans « sa forme » et tel qu’il a été conçu. Que ce que nous voulons connaître, c’est le drame d’Euripide, et que nul n’a le droit de le suppléer ou de le modifier. — A quoi l’on peut répondre que la forme originale peut n’être pas à notre portée; que le génie d’un peuple peut différer absolument de celui d’un autre ; qu’une traduction littérale peut être difficilement com
préhensible, et, le plus souvent, très dure à digérer. Qu’alors, mieux vaut se servir de l’original, pour donner, non pas une copie qui est toujours imparfaite, — ce qui est le défaut de l’adaptation, qui n’est le plus souvent que la mutilation, — mais une œuvre nouvelle plus en rapport avec notre compréhension et nos goûts, qui reproduit l’idée mère du drame, et des épisodes les plus intéressants, sans se contraindre à le suivre servilement dans tous ses méandres.
C’est ainsi qu’a fait M. Georges Rivollet, et je crois, entre
LES PHÉNICIENNES
Drame antique en quatre actes, en vers, de M. RIVOLLET
UNE THEBAINE (M11* Maille)
JOCASTE
(M1,e Delvair)
UNE PHÉNICIENNE (M11® Roch)
COMÉDIE-FRANÇAISE. — LES PHÉNICIENNES. — Acte Ier