Photo Paul Boyer.
M. LE BARGY M. R. DUFLOS M. II. LAVEDAN MUe J. BARTET UNE RÉPÉTITION DU DUEL
Décor de M. Jambon.M. J. CLARETIE
M. BALCOURT
Pièce en trois actes, en. prose, d.e IMI. HENEI LAVEDAN
Pour beaucoup de Parisiens, le Duel aura été un grand sujet d’étonnement, moins encore peutêtre parce qu’un immense triomphe sur la scène, comme autre part du reste, a toujours le droit de surprendre, que parce que la pièce était signée du nom de l’écrivain auquel la gaieté française doit le Vieux Marcheur et le Nouveau Jeu. Comme si chez un auteur de théâtre les dons de souplesse, l’aptitude à se jouer dans les genres variés dataient d’hier ! Comme si, pour ne citer que trois gloires difficilement contestées, Shakespeare, Corneille, Racine, n’avaient pas écrit les Joyeuses Commères de Windsor, le Menteur, les Plaideurs, sans plus forcer leur nature que le jour où ils menaient boire la muse à la source des larmes avec Roméo et Juliette, Polyeucte, Andromaque.
Il n’en est pas moins à remarquer que, de tous les auteurs contemporains, Lavedan apparaît comme celui qui aura touché le plus nettement l’extrême fond de la gaieté et du tragique. La génération présente des écrivains dramatiques se cantonne volon
tiers dans le genre où ses débuts lui ont marqué une place enviée. MM. Bisson, Brieux, Capus, Donnay, Hervieu (j’emploie, en ran
geant ces noms, le classement alphabétique), continuent d’écrire selon le tempéramentrévélé enleurspremières œuvres. Le regretté peintre Lambert, auquel on doit tant de jolis chats, répondait à ceux qui lui reprochaient la monotonie de son sujet: « Les mar
chands me mettraient en quarantaine si je faisais des chiens. » Les directeurs parisiens ne seraient pas assez sots pour imposer une telle spécialisation aux hommes de grand mérite dont je viens de ranger les noms. Si donc ces derniers ne s’échappent pas de leur genre habituel, c’est que cela leur convient. Au fond même c’est peut-être eux qui ont raison, en principe, sachant après le fabuliste à quelle condition on fait tout avec grâce. N’importe, quand je me rappelle les cabrioles si réjouissantes de Mademoiselle Granier dans le lit du Nouveau Jeu, j’admire le chemin parcouru depuis cette alcôve jusqu’au confessionnal de l’abbé du Duel.
Pour une autre cause, le nom de Lavedan placé sur une affiche, au-dessous du titre le Duel, n’a pas surpris quiconque était au fait des origines de l’auteur et, pour employer un mot qui semble encore pédant bien qu’il ait déjà copieusement servi, de son atavisme. M. Henri Lavedan a été élevé dans un milieu grave, chrétien. lia vu dans sa jeunesse, sous le toit paternel, se
M. LE BARGY M. R. DUFLOS M. II. LAVEDAN MUe J. BARTET UNE RÉPÉTITION DU DUEL
Décor de M. Jambon.M. J. CLARETIE
M. BALCOURT
COMÉDIE-FRAN ÇAISE
LE DUEL
Pièce en trois actes, en. prose, d.e IMI. HENEI LAVEDAN
Pour beaucoup de Parisiens, le Duel aura été un grand sujet d’étonnement, moins encore peutêtre parce qu’un immense triomphe sur la scène, comme autre part du reste, a toujours le droit de surprendre, que parce que la pièce était signée du nom de l’écrivain auquel la gaieté française doit le Vieux Marcheur et le Nouveau Jeu. Comme si chez un auteur de théâtre les dons de souplesse, l’aptitude à se jouer dans les genres variés dataient d’hier ! Comme si, pour ne citer que trois gloires difficilement contestées, Shakespeare, Corneille, Racine, n’avaient pas écrit les Joyeuses Commères de Windsor, le Menteur, les Plaideurs, sans plus forcer leur nature que le jour où ils menaient boire la muse à la source des larmes avec Roméo et Juliette, Polyeucte, Andromaque.
Il n’en est pas moins à remarquer que, de tous les auteurs contemporains, Lavedan apparaît comme celui qui aura touché le plus nettement l’extrême fond de la gaieté et du tragique. La génération présente des écrivains dramatiques se cantonne volon
tiers dans le genre où ses débuts lui ont marqué une place enviée. MM. Bisson, Brieux, Capus, Donnay, Hervieu (j’emploie, en ran
geant ces noms, le classement alphabétique), continuent d’écrire selon le tempéramentrévélé enleurspremières œuvres. Le regretté peintre Lambert, auquel on doit tant de jolis chats, répondait à ceux qui lui reprochaient la monotonie de son sujet: « Les mar
chands me mettraient en quarantaine si je faisais des chiens. » Les directeurs parisiens ne seraient pas assez sots pour imposer une telle spécialisation aux hommes de grand mérite dont je viens de ranger les noms. Si donc ces derniers ne s’échappent pas de leur genre habituel, c’est que cela leur convient. Au fond même c’est peut-être eux qui ont raison, en principe, sachant après le fabuliste à quelle condition on fait tout avec grâce. N’importe, quand je me rappelle les cabrioles si réjouissantes de Mademoiselle Granier dans le lit du Nouveau Jeu, j’admire le chemin parcouru depuis cette alcôve jusqu’au confessionnal de l’abbé du Duel.
Pour une autre cause, le nom de Lavedan placé sur une affiche, au-dessous du titre le Duel, n’a pas surpris quiconque était au fait des origines de l’auteur et, pour employer un mot qui semble encore pédant bien qu’il ait déjà copieusement servi, de son atavisme. M. Henri Lavedan a été élevé dans un milieu grave, chrétien. lia vu dans sa jeunesse, sous le toit paternel, se