BOUFFES= PARISIENS




L’EMBARQUEMENT POUR CYTHÈRE


Comédie en quatre actes, d’ÉMILE VEYRIN
Fragonard, qui vous remémorent les divines fêtes galantes de Verlaine, les élégies, les chansons narquoises, les dialogues de carnaval dans l’ombre propice des grands arbres, dans les fluidités bleuâtres du clair de lune.
Vous la raconter est presque aussi malaisé que de prendre un papillon par les ailes sans en effacer les fragiles couleurs. Risquons cependant l’aventure.
A tant courir les bals, les cabarets, les tripots, à tant mener le branle avec autour de ses paniers à ramages, sa bande écervelée, inlassable de princes, de ducs, de philosophes et de petits abbés, à tant faire de la nuit le jour, à ne songer, comme Manon, qu’à s’amuser toute une vie, la marquisette de Civrac, que ses cama
rades de joie ont surnommée Pomponette parce qu’elle res
semble, en effet, à la rose pompon, petite rose au parfum presque insaisissable, aux nuances incertaines, au calice chiffonné, a ruiné sa santé, fêlé son corps de poupée.
Son vieux protecteur, le fastueux et morose président Hénault, s’en émeut, s’en angoisse, s’ingénie vainement à l’arrêter, à l’assagir, veille sur elle comme sur une pauvre petite lampe
SI j’avais une douce brûlure, comme eût dit Sophie Arnould, si je m imaginais avoir atteint le but, découvert quelque cœur d’élection, j’offrirais à mon amie, par cet octobre lumi
neux et tendre, d’aller perdre délicieusement le temps, tout un après-midi, le long des miroirs d’eau et des allées jonchées de feuilles mortes, dans le décor de mélancolie suprême, de majestueuse beauté qu’est le parc de Versailles, et au retour,
imprégnés, l’un et l’autre, d’automne et de passé, de venir écouter l’exquise et nostalgique comédie où M. Veyrin évoqua toute l’âme légère, frivole, voluptueuse du xvnie siècle.
On ne saurait, en effet, rêver un spectacle plus délicat, plus émouvant, plus suggestif, que cette histoire de caillette qui effeuille sa vie comme une fleur, que cette course au plaisir;et à l’amour qui commence par des tradéridéras de menuet et des éclats de rire fous, et se termine par des sanglots d’éternel adieu, que cette suite de tableaux accompagnés de musiques lointaines et choisies, et qui vous donnent à chaque instant l’illusion de voir s’animer quelque estampe de Baudoin ou de
Photo Henri Manuel.
1er VALET (M. Keysïcr)
2e SOUBRETTE (Mlle Mellac)
2« VALET (M. Derives)
FRONTEN (M. Ville)
Acte Ier
Décor de M. Crochard. PRÉSIDENT RENAULT
(M. Hour)
lr8 SOUBRETTE
(AIU® Gicsz;
LISE
(M11® B. Leblanc)