Photo Mathieu-Deroche.
philinte (M. Dessonnes)cÉlimÈne (MmeLara) alceste (M. Mayer)


COMÉDIE-FRANÇAISE




La Conversion d’Alceste


Comédie en un acte, de M. GEORGES COURTELINE
Ce n’est qu’un acte, mais c’est un petit chefd’œuvre. M. Georges Courteline s’est plu à écrire la suite du Misanthrope. Ses vers et son style font songer à Molière et à d’autres poètes du xviie siècle. Mais ce n’est pas seulement une fantaisie de lettre . On y retrouve la philoso
phie amère de l’homme qui écrivit Boubouroche et tant de bouffonneries judiciaires.
Georges Courteline n’a pas une âme indulgente. Il a pitié des pauvres diables, et c’est pourquoi il attaque si violemment les pouvoirs qui leur rendent encore la vie plus difficile, qui aggra
vent le poids de leurs misères. Il a critiqué âprement les lois et ceux qui sont chargés de les appliquer. Il est enclin à se défier des hommes qui détiennent une parcelle d’autorité. Le contrô
leur d’omnibus lui est aussi suspect que le gendarme. Il redoute le sergent de ville autant que le substitut. Il ne peut supporter la bêtise des gens qui passent et qui s’arrêtent devant lui, obstiné
ment. Et, comme si ce n’était pas assez de subir les contraintes du Code et l’injurieuse sottise du prochain, les peuples civilisés ont imaginé encore de supporter les caprices de la femme! Se débattant parmi tant de soucis et de folies, Georges Courteline a pensé qu’Alceste n’avait pas eu de bonnes raisons pour fuir la société. En somme, il a perdu un procès. Il s’est pris de que
relle avec un médiocre poète. Il a été jaloux d’une belle qui se laissait aller à des flirts innocents. Qu’est cela ? Courteline veut que le héros de Molière soit soumis à de plus rudes épreuves.
Il imagine que le doux scepticisme de Philinte l’a converti.