L. Popineau, del.


THÉATRE DE LA PORTE=SAINT=MARTIN




CHANTECLER


Pièce en quatre actes, en vers, de M. EDMOND ROSTAND
LA POULE NOIRE LE JARS (M. Adam) _
(Mlle Frédérique) le pigeon (M. Laumonier)
Photo G. Larcher, concessionnaire exclusif. Copyright by Larcher, 1910.
LA poule de houdan (Mlle Deréval)
PORTE-SAINT-MARTIN. — CHANTECLER. — Acte I”


N


ous l’avons écoutée enfin, la pièce que M. Edmond Rostand nous avait promise et que le public atten
dait depuis plusieurs années. Nous l’avons vu ce Chantecler que le poète emprunta à notre vieux Roman du Renard. Les pessi
mistes avaient répété qu’il était impossible de réaliser sur une scène le rêve de M. Ros
tand. Les avons-nous assez souvent entendus, ces prophètes du malheur ?
« Si les acteurs représentent des oiseaux de basse-cour, le décor ne sera pas propor
tionné à leur taille. Si vous enfermez les comédiens dans des carcasses, si vous ne leur permettez que quelques gestes rares, le public s’ennuiera bientôt. »
Ces prédictions n’étaient pas invraisemblables, et cependant il faut dire tout d’abord
qu’elles étaient parfaitement fausses. Le spectacle que nous a offert le Théâtre de la Porte-Saint-Martin est harmonieux et agréable. C’est une joie de voir évoluer sur la scène ces animaux aux belles formes. Nous ne regrettons pas l’absence de l’homme, qui ferait tache en ces tableaux. Nous pen
sons, comme le chien, qu’il faut baisser le rideau quand nos semblables vont intervenir dans l’action. C’est le dernier mot de la pièce. Oui! Grâce à la collaboration de M. Edel, qui dessina les costumes; de M. Amable, de M. Paquereau, surtout de M. Jusseaume,
qui ont planté de gigantesques décors ; grâce a des mouvements de scene ingénieux qui furent réglés par l’auteur, c’est une suite de visions qui, loin d’être ridicules, nous charment et nous émeuvent. Il est incontestable que nos yeux ont été satisfaits, _ et la direction de la Porte-Saint-Martin, comme M. Rostand, peut être fière de nous avoir donné ce plaisir sans mélange.
Le poète semble d’ailleurs avoir pris