nullité, que, par suite, ils pouvaient valablement invo
quer à leur tour la nullité des engage
ments qu’ils avaient pris vis-à-vis d’elle.»
Ouf ! ! Voilà, à peu près, la « cause »
ou mieux les « causes » — il y avait cinq plaideurs — exposées, tout au moins d’une ma
nière générale, et sans trop entrer dans le détail, ce qu’il ne nous est paspossible de faire ici, faute de place et dans la crainte
cause, mais qu’attire invinciblement tout cequi relève du théâtre, s’appuyant sur la barre, écoutant oreilles grandes ou
vertes, approuvant de ses yeux de juif averti, les arguments qui s’échangeaient comme des flèches, dominant le groupe de son crâne volumineux, lisse etarrondi comme une mappemonde, sur lequel on eût, en vain, cherché du regard, la botte de l’Italie et le triangle de la Sardaigne. Dans le lointain, en arrière, se dessi
nant, en silhouettes vagues, le profil fin
et distingué de Robert Gangnat, un des agents généraux de la Société des Auteurs drama
tiques, et celui de Lucien Gui
try, le très habile comédien-direc
teur, venu « pour voir ».
M. PAUL HERVIEU
Dans un autre groupe, le groupe adverse, c’étaient : Deval, le directeur de l’Athénée, froid et compassé, d’une élégance de troisième rôle, buvant avidement les paroles de son avocat, sans sourciller, s’efforçant de paraître impassible; Richemond, le directeur des Folies-Dramatiques, très remuant, très vivant, qui comprend à demi-mots, et dont la mobilité physique tradui
sait toutes les impressions intimes; Louis Forest et Chancel,deux des auteurs en cause, le premier crispé d’attention, le binocle en équilibre, sur l’arête extrême du nez, le second calme, réfléchi, de visage aimable, éclairé de franchise. A côté d’eux, un troisième personnage moins connu, c’est,
d’ennuyer lelecteur. Huit audiences,de semaine en semaine, ont été consacrées aux plaidoiries très documentées, très complètes, présentées par les maîtres les plus distingués du barreau parisien, et devant une salle comble d’un public de première représentation, auteurs dramatiques, membres de la commission ou autres, et aussi des représentants de ce qu’on appelle le «Tout-Paris ». Quelques femmes élégantes, curieuses ou désœuvrées, complétaient l’auditoire tassé sur les bancs de la première chambre réservés au public, ceux-ci rarement habitués à pareille aubaine.
Celui qui, poussant les portes matelassées de la première chambre civile, eût jeté un regard curieux
sous la vague forme d’un officier d’infanterie en bour
geois, M. Roy, le banquier, à qui sa mauvaise fortune
avait confié le sort plutôt chanceux des Bouffes-Pari
siens, le plus scabreux et le plus hésitant des théâtres.
Çà et là, Georges Feydeau, attentif, correct, sou
riant d’un sourire de gaieté mé lancolique ;
Pierre Wolff, au profil très fin, qui, de temps à autre,
dans le prétoire, eût pu apercevoir çà et là, grou
pés ou solitaires: Alfred Capus, attentif et rêveur,
l’œil droit clignotant derrière son monocle, la bouche souriante d’un scepticisme bon enfant, qui semblait murmurer tout bas : « A quoi bon tant de paroles, quand
il serait si facile de s’entendre ? » Adrien Ber
nheim, que cela
ne concernait guère, puisqu’il est chargé de la surveillance des théâtres subvent i o n n é s, qui n’étaient pas en
M. ROMAIN COOLUS
M. PIERRE WOLFF
M. ALFRED CAPUS
M. GEOHGES FEYDEAU