SUZANNE
(M11 Bertlie Ceroy)
CHÉRUBIN
(Mlle Marie Leconte)
Acte I 1
LE COMTE ALMAVI VA (M. Jacques Fenoux)


COMÉDIE-FRANÇAISE




LE MARIAGE DE FIGARO


Comédie en cinq actes, en prose, de BEAUMARCHAIS
LA Comédie-Française a repris le Mariage de Figaro.
En réalité le Mariage de Figaro est toujours au répertoire des deux théâtres subven
tionnés, le Théâtre-Français et l’Odéon. C’est parmi les chefs-d’œuvre classiques, l’une des pièces les plus sûres d’une fructueuse recette. Les interprèles, lorsqu’ils sortent du Conser
vatoire, y ont appris les pages les plus saisissantes des rôles principaux. La tradition, pour chaque personnage, est fixée. Il suffit de quelques répétitions d’ensemble pour remettre l’ou
vrage en état de paraître devant les spectateurs. Le public, lui, est toujours disposé à l’entendre et il lui fait toujours le même accueil enthousiaste. On l’a vu, cette fois encore, au Théâtre- Français, qui aura connu de nouveau, avec la pièce plus que centenaire, les meilleures soirées de l’année.
Tout a été dit depuis cent vingt-six ans sur le Mariage de Figaro. Il faut donc choisir et glaner, parmi les souvenirs et les commentaires, ceux qui peuvent le plus nous intéresser aujourd’hui.
Lorsque l’on voit quelques personnes s’étonner et s’irriter du bruit qui a été mené, il y a quelques mois, autour de l’œuvre qui fut jouée cette année sur la scène de la Porte-Saint- Martin, on devrait leur rappeler e tapage qui précéda et accom
pagna la comédie nouvelle de l’auteur du Barbier de Séville.
Beaumarchais l’avait entreprise, sur ledéfi porté par le prince de Conti, de montrer le personnage de Figaro dans un cadre agrandi. Il fallait encore plus d’esprit, a-t-on dit, pour faire jouer le Mariage de Figaro que pour l’avoir fait. Ce fut la tâche de l’auteurpendant plusieursannées. Le Roi,lesmagistrats,lelieutenant de police, le garde des Sceaux, se montraient opposés à la repré
sentation. De l’autre côté, se trouvaient le comtede Vaudreuilet Madame de Polignac, la Reine et le comte d’Artois. « Le Roi, di
sait Beaumarchais, neveut pas permettre la représentation :donc onia jouera. » Il parvint à la faire répéter le 12 juin 1 j83, parla protection du comte d’Artois, sur le théâtre des Menus-Plaisirs, qui était le théâtre même du Roi. Cependant l’interdiction de jouer la pièce au Théâtre-Français fut maintenue. « Eh! bien,
Messieurs, dit Beaumarchais aux comédiens, le Roi ne veut pas qu’on le représente ici, et je jure, moi, que plutôt que de ne pas être jouée, la pièce le sera, s’il le faut, dans le chœur même de Notre- Dame. » Le 26 septembre, les comédiens français représentèrent la pièce avec autorisation, chez le comte de Vaudreuil, àGennevilliers. Beaumarchais était dans la joie :« Il courait de tous cô
tés », dit une spectatrice, comme un homme hors de lui-même, et comme on se plaignait de la chaleur, il ne donna pas le temps d’ouvrir les fenêtres et cassa tous les carreaux avec sa canne, ce qui fit dire, après la pièce, qu il avait doublement cassé les vitres. »
Photo Bcrt