oriel (M-lle Zambelli)


THÉATRE NATIONAL DE L OPÉRA




La Ronde des Saisons


Ballet en trois actes et six tableaux, de M. CH. LOMON, musique de M. HENRI BUSSER
Nous sommes au beau pays de Gascogne,cher entre tous à M. Gailhard, le directeur denotre Opéra.
Devant nous, s’étale une pelouse coupée par de hauts cerisiers, entre une vigne à gauche et des champs à droite. A gauche, déjà un peu loin, le
château de Barbazan, sur une hauteur, montre ses tourelles qui se mirent dans un petit lac.
Entre le château et la pelouse, c’est un damier de champs, de prairies et de vignes, avec, de temps à autre, des arbres à fruits.
La Garonne se fraie un chemin au travers. Saint-Bertrand de Comminges dresse le clocher de son église. Tout au fond, bleuies par l’éloignement, avec leur verdure sombre de pelouses et de
sapins, la montagne des Neuf-Fontaines et les autres sommets moutonnant vers l’Enténac. Le site est gracieux.
C’est le moment de la vendange. Vendangeurs et vendangeuses se livrent à « la danse des paniers » : salut, paniers,
vendanges sont faites. Le lutin ou la lutine Oriel (heureux pays qui possède des lutins!) se mêle à la danse, « lutin^nt » le chef des vignerons et l’intendant. Le seigneur du château, le beau
Tancrède, voit Oriel, et, comme la lutine se présente sous les aimables traits de Mademoiselle Zambeili, Tancrcde tombe
tout de suite éperdument amoureux d’elle : on ne saurait le blâmer. Quand les vendangeurs et les vendangeuses se sont éloignés, Tancrède retient Oriel. Il lui dit qu’il l’aime, qu’il l’adore, qu il l’idolâtre; il la supplie de rester auprès de lui. Elle refuse, car elle doit suivre, dans un pays lointain, les autres vendangeurs. Tancrède menace et veut retenir Oriel de
force. Elle s’échappe de ses bras et s’enfuit. Tancrède se désespère. Mais une pensée soudaine le ranime : la sorcière !... — Il ira lui demander secours.
Nous voici maintenant dans l’antre de la sorcière.
Une pièce irrégulière, à moitié creusée dans le roc. De riches tentures, par endroits, contrastent avec la muraille nue. Fourneau d’alchimiste. Au fond, suspendu par des cordes de soie, le miroir magique, rond, en cuivre rouge. Sur un chevalet,
un énorme manuscrit in-folio : le « Livre du Destin ». Sur un trépied, un sablier. Au-dessus, dessiné sur la muraille, un cercle du zodiaque, avec les signes et les attributs ordinaires de l’année et des douze mois. Dans un angle, sur une sorte de perchoir, un couple de corbeaux gigantesques, apparemment endor
mis, ouvrent de temps en temps et referment le bec ou la pau
pière : quand la paupière est ouverte, on voit l’œil étinceler comme une gemme.
C’est la nuit. La sorcière est seule. Assise devant le fourneau magique, elle jette dans la flamme des feuilles et des plantes ;
elle recueille soigneusement les cendres. Oriel parait. Elle raconte à la sorcière son aventure : le seigneur du pays l’a remar
quée; il parait fort épris. La sorcière l’arrête : « Avec ton cœur et ta tête folle, tu te trouveras, un jour, amoureuse ! Prends-y garde ; cet amourd’un mortel, c’est pour toi la mort ! » Tancrède arrive à son tour : Oriel se dissimule derrière le fourneau. Le
jeune seigneur veut retrouver celle qu’il aime, et il demande à la sorcière son appui. La sorcière ne le refuse pas. Elle évoque devant Tancrède plusieurs apparitions. Les lampes ont pâli. Le miroir magique, subitement agrandi, semble une baie ouverte
Photo P. Boyer.
oriel (M-lle Zambelli)
tancrède (M-lle L. Mante)