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Colette Willy. — Rôlo du Petit Faune. — LE DÉSIR, LA CHIMÈRE ET L’A MOUH, pantomime aux MATHURINS


LA QUINZAINE THÉATRALE


Nous avons omis, dans notre dernière Quinzaine, de signaler la nouvelle pièce des Nouveautés, la Petite Madame Dubois, qui a succédé, sur l’affiche, à Florette et Patapon, qui s’en étaient emparés depuis plus de trois mois. La Petite Madame Dubois est un aimable vaudeville, proche la comédie, muni d’un excellent premier acte, d’un second passable et plus com
pliqué, d’un troisième amusant, qui fait carrière normale, grâce à l’excellente interprétation qu’on lui a donnée, avec, en tête, Mademoiselle Cassive, MM. Torin, Colombey et Germain. Je ne saurais oublier ni Rozenberg, qui a débuté dans cette pièce, et dont le début a été plus qu’agréable ; ni Madame Maurel, l’excellente duègne, qui a la correction d’un vétéran.
La nouvelle Quinzaine inscrit à son actif deux pièces comiques : l’une, au Vaudeville, signée Alexandre Bisson ; l’autre, au Palais-Royal, signée Georges Berr et Marcel Guillemaud.
Le Péril jaune — la comédie du Vaudeville — a une histoire, il paraît que c’est une épave de l’ancienne collaboration Meilhac et Saint-Albin. Ce dernier était toujours en chasse aux sujets de pièce, et quand il croyait avoir décroché le gibier, il le rapportait au logis, à son collaborateur. Meilhac écoutait, mâchait, ruminait, et daignait parfois tirer parti de la concep
tion, toujours un peu fruste, du brave Saint-Albin. Mais ayant passé de vie à trépas avant de pouvoir retravailler et affiner le Péril jaune, c’est Alexandre Bisson qui s’est chargé de reprendre le sujet, et de le rajeunir.
Je crains qu’il n’ait réussi qu’à demi, dans son entreprise,
car la pièce a le tort d’être androgyne, elle est trop burlesque pour une comédie, pas assez pour un vaudeville, et reste mal en équilibre, parce qu’à cheval sur les deux genres, sans assez de parti pris.
Voici, d’ailleurs, l’analyse du Péril jaune, elle fera aisément comprendre la réalité de notre affirmation : Pivert, le tenancier du buffet de Serquigny (ligne de Normandie... 20 minutes d’ar
rêt!), est sur le point de se marier avec une de ses demoiselles de service, la blonde Denise, au grand désespoir de la brune Annette, qui convoitait le « conjungo » avec ledit Pivert, Or, Denise, qui est tombée à Serquigny, comme un aérolithe, il y a quelque dix-huit mois, a des antécédents mystérieux. La vérité,
c’est qu’elle a été lâchée brusquement par son amant, le comte de Castel-Guyon, qu’elle adorait, et dont elle se croyait aimée ; de désespoir, elle est venue se cacher en Normandie, et, faute de la grive aristocratique, elle se contente d’un Pivert, aimant mieux encore porter un nom d’oiseau, que de rester fille, et de travailler dans la bonneterie de sainte Catherine. Or, voyez le hasard : au retour de la mairie, alors qu’elle a prononcé le « oui » fatal, elle se retrouve, nez à nez, avec l’ancien amant, qui l’aime plus que jamais, et ne l’a quittée aussi brusquement que pour aller recueillir le dernier soupir et l’héritage d’un oncle millionnaire. Tout s’explique donc, et notre Denise ne trouve rien de mieux
à faire que filer, à l’anglaise, avec son amoureux, ce qui ne fait pas rire le pauvre Pivert, qui, d’ailleurs, se consolera avec la brune Annette.


Voilà donc Denise devenue Madame la comtesse, aux yeux


detous.Mais il y a soupçon, dans le monde, que la situation n’est