pressions et un langage de poète, cette évocation symbolique et vivante de la forêt est d’une vraie poésie, qui pénètre et transfigure éloquemment l’anecdote.
Celle-ci peut se conter en quelques lignes. Le bûcheron qui en est le héros, et presque le seul personnage humain, a reçu du maître de la forêt l’ordre de frayer un chemin jusqu’à certaine mare aux fées, dont les eaux vertes stagnent, pittoresques et perfides, au plus épais des
fourrés. Il doit, à cet effet, abattre tous les arbres séculaires qui s’opposent au passage. Or, ce n’est pas sans une sorte de désespoir qu’il s’y résout. Depuis son enfance il vit dans ce bois, il en évoque l’âme confiante, il en reçoit comme les confidences.
Jadis toute joie et lumière, ces voix mystérieuses sonnent maintenant lugubres, et leurs plaintes lui brisent le cœur. D’ailleurs, il n’entend pas seulement, il voit... Une vision de femme lui est apparue plus d’une fois, dans l’or du soleil, parmi des frondaisons inconnues...
Obsession diabolique, hallucination funeste, qu’il faut fuir aussitôt!... lui crie sa brave femme, qui ne comprend rien à ses rêves et qui lui reproche de déserter pour eux son foyer, mais dont le cœur clairvoyant s’angoisse et s’épouvante des plus terribles
le tilleul (Mll« Campredon)
OPÉRA. — LA FORÊT
ouvrage d’ailleurs réduit à deux ou trois actes. Encore l’attendent-ils souvent à ce point qu’ils ont eu le temps de penser à tout autre chose qu’au théâtre.
C’est un peu le cas de M. Augustin Savard, prix de Rome en 1886, il y a donc vingt-trois ans passés, actuellement directeur du Conservatoire de Lyon, et surtout apprécié comme technicien et comme symphoniste. Peut-être, soit dit en passant, est-ce même le défaut principal de son œuvre dramatique, que cette virtuosité dans le maniement de l’orchestre et des harmonies vocales (qu’il tient en quelque sorte de famille et où il est maître), soit plutôt le fait de la symphonie que du théâtre, et se trouve comme instinctivement poussée jusqu’à des subtilités dangereuses au point de vue de la bonne exécution... Mais ce n’est là qu’un excès de procédé et
qui, heureusement, est relevé, élargi, justifié même, par un sentiment sincè
rement poétique et un goût toujours fin, constamment distingué.
Le sujet proposé à l’inspiration de l’artiste se prêtait d’ailleurs particulière
ment à cette espèce de raffinement des sonorités, à ce chatoiement des cou
leurs de la palette instrumentale. Si l’on veut bien oublier ce qu’a toujours de faux ce réalisme qui consiste à donner à un paysan une imagination, des im
le hêtre (Mme Laute-Brun)
OPÉRA. — LA FORÊT
Photos Sert. le chêne (M “ Carlyle)
OPÉRA. — LA FORÊT