Le Roman d’un jeune homme pauvre

Maxim ODIOR (M. Marquet) M00 vauberger (Mme Gravier-Maguier)

THÉATRE DE LA GAITÉ

e directeur de la Gaîté, satisfait de l’accueil qu’a fait son public à une reprise récente de l Abbé Constantin, n’a pas craint de remettre sur l’affiche le Roman d un jeune homme
pauvre. Il a confiance dans l’optimisme des spectateurs. Ne sommes-nous pas heureux de voir, malgré tous les obstacles, triompher la vertu? Ne nous est-il point doux de rencon
trer des héros qui, sans jamais manquer à leurs principes, arrivent à la fortune? Les cœurs des jeunes filles qui appar
tiennent à la petite bourgeoisie battent encore pour Maxime Odiot, le gentilhomme qui n’ose plus porter son titre parce
qu’il est pauvre, mais qui conserve la plus réelle des noblesses, la plus belle des richesses, je veux dire la noblesse et la richesse de l’âme. En vérité, j’ai tort de sourire : ce personnage n’est pas plus invraisemblable que tant d’autres, sceptiques et veüles, que nous présentent nos auteurs dramatiques. La laideur absolue est aussi rare que la beauté parfaite.
Maxime Odiot, c’est le type de la beauté morale telle qu’on la concevait aux environs de .1860. C’est l’homme aux principes rigides, à la vertu scrupuleuse et impitoyable. On trouve
rait, dans le théâtre d’Émile Augier, des jeunes gens qui lui ressemblent comme des frères, le fils de Maître Guérin, par exemple. Comme tant de personnages qui, à cette époque, furent portés sur le théâtre, il subit l’épreuve de la misère. C’est Ie moment où l’éternel conflit entre l’homme et l’argent obsède tout spécialement la pensée des dramaturges. Ponsard lui con
sacre une comédie sonore, déclamatoire et en vers, dont le héros est un proche parent de Maxime. La société française était encore mal remise des terribles secousses que la Révolution française avait produites dans les fortunes des particuliers. Il n’y avait pas encore cinquante ans que la monarchie restaurée avait permis aux émigrés de revenir sans crainte en France. On s’étonnait de voir dans le besoin des familles qui portaient de grands noms, tandis que d’obscurs roturiers avaient acquis brusquement des biens immenses. Le développement du commerce, l’extension des che
mins de fer modifiaient quotidiennement les conditions de la lutte sociale. Jamais on ne sentit plus ardemment le désir d’ac
quérir rapidement des fortunes. Les nobles ne reculaient pas devant d’utiles mésalliances. Peu de gens échappaient à la fièvre du gain. Les spéculations séduisent les petits et les grands. C’est une .contagion qu’Émile Augier dénoncera bientôt. Avant lui,
Acte Ier. — ler Tableau
Pièce en. cinq actes et sept tableaux, par OCTAVE FEUILLET
Photo Larcher.
Lécor de M. Brard.