Théâtre des Variétés




LE BONHEUR, MESDAMES !




Comédie en quatre actes, de M. FRANCIS DE CROISSET L


es Variétés jouent de bonheur..., Mesdames. La comédie qui porte ce nom est à la fois un régal pour les délicats et pour le gros du public. L’accueil triomphal qu’elle a reçu au début se continue en manière d’ovation chaque soir. Et cela fait grand honneur tant au jeune auteur applaudi juste
ment sur toutes les scenes qu il aborda, a commencer par la Comédie-Française, qu’à la troupe hors ligne des Variétés et à une direction passée maîtresse dans le domaine des mises en scène intelligemment artistiques.
La petite marquise des Arromanches nous a tout l’air d’être une arrière-petite-fille de celui que Théophile Gautier, en un accès amusant de fanfaronnade d’immoralité, appela le « divin marquis ». Il y a du sadisme dans le goût que cette effrontée manifeste pour Georges Cartier. Ce qui lui plaît chez ce jeune sculpteur ce n’est ni sa jeunesse ni son talent, ce dernier d’ailleurs très contestable, c’est qu’il est marié à une amie à elle, et qu’aucune volupté ne lui paraît comparable à celle que pro
cure le vol du bonheur des autres. Il faut entendre la petite marquise raconter ce qui fut pour elle le coup de foudre. On se trouvait tous les quatre, elle, son sexagénaire de mari et le couple Cartier dans une automobile; il ne faisait pas très clair. Cartier profita du demi-jour pour embrasser sa femme à la déro
bée. Instantanément, un désir féroce envahit la petite marquise d’être embrassée de la sorte par Cartier, et, dans une scène éminemment drôle et originale, elle lui déclare à brûle-pourpoint cette envie, ce qui provoque de la part du sculpteur stupéfié par une manifestation d’aussi étonnante perversité, cette réponse qui fait pouffer de rire la salle des Variétés tous les soirs...
Mme DIKAR
(Mme Marie Magnier) THÉATRE DES VARIÉTÉS. — LE BONHEUR, MESDAMES!
MARQUISE DES ARROMANCHES
(MUe E. Lavallière)
Photo P. Boyer.