Photo P. Boyer.ALBERT GLATIGNY (M. Tarride)
M. CATULLE MENDES UNE RÉPÉTITION A L’ODÉON
UN FACTEUR
(M. Delangle)


THÉATRE NATIONAL DE L’ODÉON




GLATIGNY


Drame funambulesque en cinq actes et six tableaux, par M. CATULLE MENDÉS
Musique des Frères LYONNET, d’OLIVIER MÉTRA et de M. LOUIS GANNE
La vie aventureuse d’un poète; la me lancolique existence d’un être maladif qui meurt à l’heure où le succès se dessine, épuisé par les luttes qu’il a soutenues ; l’héroïque courage d’un petit paysan bas-normand — et, de plus, le fils d’un gendarme — pour sortir de son milieu, pour mener par toute la France la vie de bohème des histrions de foire, afin de satisfaire sa passion
d’art dramatique; puis, une autre existence, celle-là tout aussi dure, mais souvent plus âpre, pour donner son libre essor au poète qui était en lui; ces sacrifices, ces déboires, ces combats, cette vie errante, ces souffrances physiques, cette lente agonie, tout cela supporté allègrement, une chanson sur les lèvres, un sourire sur le visage; de-ci de-là, outre la vaine satisfaction
d’assouvir de farouches haines littéraires, le plaisir plus doux d’amours de passage et, pour finir, la plus tendre, la plus roma
nesque idylle avec une femme de cœur, morte du même mal que


le poète; c’est, en quelques lignes, la vie d’Albert Glatigny, né à Lillebonne, mort à Sèvres.


Si j’ajoute queM. Catulle Mendès connut Glatigny et l’aima; qu’évoquer son souvenir, c’était pour lui évoquer sa propre
jeunesse, on comprend que le poète ait cédé avec joie à l’inspiration de porter à la scène l’histoire romantique de Glatigny.
C’était venger ses rêves des injures de la vie, magnifier la poésie en célébrant le poète, exalter la vertu de ces férus de chimères qui savent souffrir plutôt que de renoncer à l’idéal et mourir plutôt que le laisser ternir.
M. Catulle Mendès a été respectueux de la mémoire de Glatigny; il n’a suivi que l’historique développement de sa vie; il n’en a pas étalé les intimités ; il n’en a retenu que le symbole et tout juste ce qu’il fallait d’informations exactes pour situer l’œuvre et la dater; et il a écrit cinq actes d’une jeunesse, d’une fraîcheur, d’une verve, d’un entrain tels que les défauts de la pièce en sont atténués au point de devenir insensibles.
L’aventure de Glatigny est, sous sa plume, devenue lyrique. Ce lyrisme ajoute encore au charme de la pièce.
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Dans un décor exquis de campagne normande, où les pommiers en fleurs mettent au val, à la colline, une parure printanière, un petit village est bâti. A droite, la gendarmerie; à