LES DEUX “ SALOMÉ ”


OPERA : SALOME, DRAME MUSICAL EN UN ACTE, POEME d’OSCAR WILDE, MUSIQUE DE M. RICHARD STRAUSS GAITÉ : SALOMÉ, tragédie lyrique en un acte, poème d’OSCAR WILDE, musique de M. A. MARIOTTE
Le thème de la mort de saint Jean-Baptiste, et de la danse de Salomé qui en fut cause, est de
ceux qui, de tous temps, ont le plus vivement frappé les imaginations , suggéré le plus d’é­
tranges commentaires. Les données historiques se réduisaient à peu de chose; très vite, on s’est plu à broder sur elles une légende diverse et merveilleuse, sim
plifiée et variée selon l’humeur du conteur ou la fantaisie de l imagier. Nul récit, en effet, ne se prêtait plus aisément aux amplifications poétiques ou aux mises en scène plastiques. A une époque où la pensée populaire n’avait guère de vie publique que par l’image sculptée, au moyen âge, les représentations abondent, de la décollation du Baptiste et de la danse prestigieuse de la fille d’Hérodiade. Plus tard, les tableaux s’emparèrent à l’envi de la légende; puis les poètes s’en mêlèrent. On n’imagine pas de quelles déformations singulières s’est vu parfois l’objet le simple trait historique, si naturel, si plausible, qui est la base de toutes ces inventions.
Le voici, d’après le récit de l’évangéliste saint Marc, le plus complet, identique d’ailleurs à celui, plus court, de saint Mathieu :
« Hérode, ayant épousé Hérodias, femme de Philippe, son frère, avait envoyé prendre Jean, et l’avait fait lier et mettre en
prison à cause d’elle. — Parce que Jean disait à Hérode : « Il ne « t’est pas permis d’avoir pour femme la femme de ton frère. » — C’est pourquoi Hérodias lui en voulait et cherchait à le faire mourir; mais elle n’y pouvait parvenir. — Car Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint ; il avait même du respect pour lui, il se conduisait en plusieurs choses d’après ses avis et l’écoutait volontiers. — Enfin il se présenta une occa
sion favorable, le jour qu’Hérode offrait le festin de sa naissance aux grands de sa cour, aux premiers officiers de ses troupes et aux principaux de la Galilée. — La fille d’Hérodias étant entrée, et ayant dansé, plut si fort à Hérode et à ceux qui étaient à table avec lui, que le Roi lui dit : « Demande-moi ce que tu voudras « et je te le donnerai. » — Il lui dit même avec serment : « Tout
Photo Bert.
OPÉRA. — SALOMÉ. — Décor de MM. Rochette et Landrin