Il discourt plus encore durant son agonie qui est terriblement longue (presque tout l’acte). 11 n’a jamais su aimer, car aimer c’est se dévouer; il donne à Catalinon de suprêmes conseils; il fait à Céphise l’aumône d’un dernier baiser qui la rendra célèbre et, après des moments de crise où son indomptable orgueil reprend le dessus jusqu’à lui faire dire en parlant d’Inès:
Elle aura des enfants qui me ressembleront,
il meurt, avouant qu’il aimait pour la première fois, laissant Inès en larmes aux bras de Fabien très ému.
Don Juan n’est pas un de ces sujets qu’on traite sans y apporter quelque chose de nouveau: et MM. Mounet-Sully et P. Barbier, en choisissant la vie du héros comme thème, ont
entendu, eux aussi, traiter à leur manière la légende dont il est le symbole.
Ce n’est pas le viveur de Molière, tombant jusqu’à l’hypocrisie pour mieux assouvir ses passions; ce n’est pas le froid et cruel égoïste de Baudelaire.
Ce n’est pas non plus le Don Juan de Byron, c’est plutôt
celui qu’entrevit Musset après Hoffmann.
THÉATRE NATIONAL DE L’ODEON. — LA VIEILLESSE DE DON JUAN. — Isabelle (M-me— Dux)
Il a toutes les qualités de la beauté et de l’intelligence. Il ressent cet amour infini qui nous égale à un dieu. Mais cet infatigable chercheur d’idéal, servi par son mystérieux pouvoir fascinateur, a beau voler d’amour en amour, de conquête en conquête, il ne rencontre que désillusions ; c’est pourquoi il se
venge de toutes les femmes qui ont, tour à tour, trompé son espérance et les brise sans pitié.
C’est ainsi que le peint Don José.
En un mot, les auteurs en font une victime plutôt qu’un
bourreau. Leur conception n’est point sans grandeur; mais
Photo Félix.