LE CLOWN
NOUVELLE MUSICALE EN DEUX ACTES DE M. V. CAPOUL Musique de M. I. DE CAMONDO
REPRÉSENTATIONS AU NOUVEAU THÉATRE Il faut un certain courage, une certaine crânerie, il faut
surtout être doué d’une belle ardeur combative, quand on possède la situation financière de M. de Camondo, et qu’au lieu de vivre tranquille au milieu de ses richesses artistiques, merveilles duxvme siècle, merveilles japonaises ou chefs-d’œuvre modernes, on consent à écrire de la musique — de la musique de théâtre surtout — et à se faire juger par ses contemporains.
Le cas n’est pas nouveau dans l’histoire de la musique. Le grand Mendelssohn, lui aussi, appartenait à une famille de
banquiers, à cela près cependant que, dès son jeune âge, Félix Mendelssohn s’adonna à la musique. M. de Camondo, lui, a trouvé le moyen de mener de front les grandes affaires et la composition. Musicien, il l’était depuis toujours. La musique est pour lui un culte auquel il a, presque enfant, sacrifié. Il improvisait tout jeune et fut mis entre les mains de l’excellent maître
Gaston Salvayre qui lui enseigna la technique du métier de compositeur. Or, Gaston Salvayre comprit à merveille la tâche qui lui incombait : il avait été très frappé de la tournure très origi
nale, très personnelle, que son jeune élève donnait à sa pensée musicale. Il y avait là entre autres des qualités de couleur d’une
intensité très réelle, très ardentes surtout au point de vue de la richesse imaginative (car M. I. de Camondo est d origine orien
tale ; lui et les siens sont nés à Constantinople, en ce pays de lumière éblouissante et de ciel éperdument bleu). Gaston Sal
vayre se garda bien de comprimer par un frein ces dons naturels ; il s’occupa seulement de les orner de l’orthographe musicale,
tout en faisant remarquer à son élève que les règles de l’harmonie, comme les principes de tous les arts, ne sont formulées que pour justifier les exceptions. Il lui fit étudier surtout le contrepoint, car le contrepoint c’est l’enchaînement, la succession, l’enlacement des accords engendrés par l’harmonie. Chaque musicien
peut avoir son harmonie à lui; le contrepoint c’est la perspective archi
tecturale, c’est la géométrie en mu
siquè. On peut ignorer pour ainsi dire l’harmonie, on ne peut pas se passer de la science du contrepoint.
Quels furent les commencements du jeune compositeur? M. de Camon
do à ce moment-là ne s adonnait pas à la grande musique; il rêvait tout simplement d’être l’émule de Johann Strauss ou d’Offenbach, il écrivait de la musique de danse ; et l’on en
tendit, pendant de longues années, des valses de M. I. de Camondo exécutées par l’orchestre de Waldteuffel aux soirées officielles de la Présidence.
Puis vinrent quinze années de recueillement. Le comte de Ca
mondo fait, après la mort de son père, l’apprentissage d’administra
teur de banques. Pour se reposer de ses fatigues, il va un des premiers à Bayreuth, en compagnie de Salvayre, son professeur, et de Léo Delibes, son ami. La musique de Wagner est pour lui une vraie révélation ; cette révolution accomplie par Wagner dans la musique, cette révolution qui consiste dans l’union intime de la poésie et de la réalité, cette création du rêve par le moyen des choses tan
gibles, tout cela donne à réfléchir au musicien. Et, quand ce travail de pensée est longuement, lentement accompli, M. de Camondo se remet
DUO DES BOHÉMIENS
( l-er ACTE )
Chante par M-lle FARRAR et M. ROUSSELIÈRE
Société Musicale G.ASTftUC fi- C‘.e 33, Boulevard des Italiens,Paris.
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