Photo Paul Boyer.
NICOMEDE
PRUSIAS
Décor de M. Jambon.
(M. Albert Lambert fils)
(M. Silvain)
F LA MINI U S (M. Ravct)
COMÉDIE-FRANÇAISE. — La Semaine de Corneille. — NICOMÈDE. — Acte II


LA SEMAINE DE CORNEILLE


ercredi 6 juin, — présent mois, — était le tricentenaire de Pierre Corneille, qui naquit à Rouen, ce même jour, en 1606, dans la maison paternelle de l’étroite rue de la Pie.
La Comédie-Française, qui est la « Maison de Molière », est aussi celle du grand tragique, aussi a-t-elle voulu fêter solennellement l’anniversaire de sa naissance. Une représentation ne pouvait suf


fire; c’est bon, cela, pour la cérémonie annuelle; il fallait mieux faire : ce fut donc un jubilé qu’on a organisé, et Corneille a eu sa semaine tout entière.


Du dimanche 3 juin, au dimanche 10 inclus, c’est avec son répertoire qu’a été composée la série des spectacles. Et, cet admirable répertoire, on l’a servi sous toutes ses formes. On a même ressuscité, à cette occasion, des chefs-d’œuvre, non pas inconnus, — il n’y en a pas, — mais de ceux qui sommeillent et
qu’on oublie, de ceux dont les yeux papillotent devant les feux de la rampe, parce qu’ils n’ont pas eu à les contempler depuis bien longtemps. On a fait mieux encore : on a saisi l’occasion au vol pour faire renaître une série d’à-propos. On a choisi parmi les meilleurs des temps passés, et je dois reconnaître que le choix a été judicieusement fait. En outre, on en a joué deux nouveaux, inédits, les Victoires, de M. H. Franklin, reçu direc
tement par la Comédie, et les Larmes de Corneille, couronné au concours.
Le journal le Journal avait eu, en effet, l’ingénieuse idée d’instituer un concours à l’effet de choisir une « Ode à Cor
neille — vers ou prose — et un à-propos en un acte. Il avait été convenu, en outre, que l’ode couronnée serait dite, sur la scène de la Comédie, alors que l’à-propos y serait joué, le soir de la représentation jubilaire du 6 juin.
Le jury, qui se composait d’une sélection de poètes, académiciens, critiques dramatiques, opéra sous la présidence de l’administrateur général de la Comédie-Française, et n’eut pas mince besogne à accomplir, car deux cents morceaux de poésie furent présentés au concours, et environ cent vingt à-propos.
La poésie couronnée fut une ode intitulée Triomphe héroïque! signée Gustave Zidler ; — celle-ci a été dite, d’abord, le 27 mai, à l’inauguration du monument de Corneille, par Mounet-Sully,


avant de figurer aux représentations. — C’est un poème aux vers sonores, aux généreuses aspirations.


L’à-propos désigné à l’unanimité, — à une voix près, — c’est les Larmes de Corneille, un acte en vers, à trois personnages, de M. Louis Le Lasseur, qui a trouvé son postulat, de forme mélancolique, dans la mort du fils de Corneille, tué bravement à l’ennemi, sous les murs de Grave. L’idée en est touchante, l’exécution dramatique suffisante pour un à-propos, et les vers bien frappés, parfois d’héroïque émotion et de belle allure.
Sans entrer dans le détail de chacune des représentations du jubilé, nous dirons qu’on y a vu figurer ce que Voltaire appelait