les « six chefs-d’œuvre de Corneille », c’est-à-dire le Cid, Ho
race, Rodognne, Polyeucte \ Cinna et Nicomède.
Nous avons peu de chose à dire du Cid, à Horace et de Cinna, ces pièces sont au réper
toire, en permanence, et figurent, de loin en loin, sur l’affiche des représentations classiques. Signalons que, pour la circonstance, Mounet-Sully a repris le rôle d’Horace, qu’il a joué avec grande maitrise et une action de violence incomparable. Je rap
pelle, en passant, que ce rôle fut celui de ses débuts à l’Odéon, en 1870, à sa sortie du Conserva
toire. Quant à l’interprétation de Polyeucte, c’est une des meil
leures que puisse offrir la Comédie, dans le répertoire tragique. Le rôle de Polyeucte est un des bons rôles de Mounet-Sully, qui y trouve des accents émus et superbes. En cette tragédie se pré
sente ce phénomène rare que tous les rôles y sont admirables dans leur tonalité respective. Celui de Polyeucte donne un antagonisme d’effet au regard de celui de Pauline, de telle sorte qu’il est diffi
cile de dire lequel des deux dominel’autre. Au tempsde Rachel, c’étaitune lutte entre elleet Beau
vallet, chaque fois qu’on jouait Polyeucte, etcen’estpastoujours, paraît-il, Rachel qui avait le des
sus. Ici, la lutte est entre Mounet- Sully et Madame S.-Weber, tous deux très remarquables, et dont les talents, pour me servir d’un mot d’« argot », s’ « accrochent »
et se complètent. A côté de ces deux personnages, d’une rare beauté tragique, se dresse la sympathique figure de Sévère, si délicatement modelée. Je dois re
connaître qu’Albert Lambert y témoigne d’un bel accent, de haute dignité et de générosité touchante.
J’ai dit que le jubilé avait amené la remise au répertoire de certaines œuvres de Corneille rarement jouées et même peu connues de la génération actuelle. Parmi celles-ci, je dois citer Rodogune, qui ne fait que de bien rares apparitions, Rodogune, dont Voltaire disait que le cinquième acte était le « comble » de l’émotion dramatique. Cette tragédie n’avait pas revu l’affiche depuis l’année 1903, où elle figure, au répertoire de la Comédie, pour
deux représentations (de 1645,011Photo Félix.
LAODiCE (Mme Segond-Weber)
COMÉDIE-FRANÇAISE. — La Semaine de Corneille. — NICOMÈDE