laodice (Mme Segond-Weber)
COMÉDIE-FRANÇAISE. — La Semaine de Corneille. - NICOMÈDE. — Acte IV
qui ne manque ni d’entrain ni de désinvolture. En me reportant à 1864, je relève que le rôle était alors tenu par Beauvallet. Je ne l’y ai pas vu, mais je suis convaincu que les railleries dites par lui devaient avoir plus d’amertume et d’âpreté qu’il n’est nécessaire.
Au cours de ces représentations, dont le but. était de glorifier Corneille par lui-même et de présenter sa maîtrise sous les diffé
rentes formes affectées par elle, tout naturellement le Menteur et Psyché devaient figurer en bonne place. Aussi le Menteur a fait spectacle avec China, et la comédie, qu’on ampute volon
tiers de trois actes, dans les représentations d’anniversaire, s’est retrouvée, cette fois, indemne, complète, dans la plénitude de ses cinq actes, avec Dehelly pour le rôle de Dorante, qu’il joue d’ailleurs en comédien soucieux des traditions qu’il tient de son maître, Delaunay, le plus adorable des Dorante. Les autres rôles sont joués honorablement par Silvain, Truffier, Ch. Esquier, Dessonnes. J’ai remarqué, du côté féminin, Mademoiselle Zina Dalti, charmante de coquetterie gracieuse dans le personnage de Clarice.
Le troisième acte de Psyché, — l’acte de Corneille, — a eu pour interprètes Mademoiselle Piérat, exquise dans le rôle de l’Amour, dont elle a dit les tirades de sa voix chaude et expres
sive, et Mademoiselle Maille, une Psyché étonnée, douce, timide, curieuse, d’un bon effet d’opposition.
Deux actes de l’Illusion comique, avec Coquelin cadet, en Matamore, ont complété l’effigie particulière de Corneille con
sidéré sous l’aspect d’auteur comique. On a sorti de l’arsenal des à-propos, et remis à la scène le Corneille et Richelieu, d’Émile Moreau, excellente comédie du genre épisodique, qui devrait rester au répertoire, et le Dernier Madrigal, un acte en vers pimpants, de Marsolleau, que j’ai signalé en son temps.


Les Larmes de Corneille, l’à-propos choisi au concours du Journal pour être représenté à la Comédie-Française, a eu la


chance d’une excellente interprétation, avec Paul Mounet, très plastique sous les traits du vieux poète tragique, avec lequel il n’est pas sans avoir quelque ressemblance ; Dessonnes, qui a joué avec une touchante émotion juvénile le rôle de l’Enseigne des Dragons de Chamilly, qui vient annoncer à Corneille la mort de son fils, et Mademoiselle Renée Du Minil, familière et bour
geoise, dans le personnage de Marthe de Fontenelle, la sœur et la compagne dévouée de l’auteur du Cid.
Faut-il mentionner encore, pour être complet dans ce compte rendu rapide mais exact du jubilé, les nombreuses pièces de vers qui ont été récitées, en intermède, au cours de ces diverses représentations? D’abord, Corneille lui-même en a fourni sa part, avec le sonnet de Mélite, les stances à Marquise (la comédienne Duparc, le dernier amour de Corneille), Iris, Perle d’amour... , ensuite, les admirables Stances à Corneille,
de Sully-Prudhomme ; la France à Corneille, d’Emmanuel des Essarts; Une Parisienne, à Corneille, d’Emile Blémont; enfinle Triomphe héroïque, de Gustave Zidler, le poème couronné au concours, dont nous avons plaisir à citer ici les dernières strophes, à la Jeunesse, qui ont fait grand effet, fort bien dites par Mounet-Sully :
On dit que la Jeunesse, inquiète ou frivole,
A tes graves propos ne met plus tant de prix : Mensonges ! La Jeunesse aime encore ta parole,
Et les derniers venus ne t’ont pas moins compris !
Veille donc sur nos fils, Corneille, ô providence ! Afi’ranchis-les de tous les jougs avilissants ! Chante en eux du Vouloir la virile cadence, Des audaces du Bien les généreux accents !
Arme-les. Bâtis-leur l’unique forteresse Où se garde le Droit avec la Dignité !
Donne-leur le mépris des félons, l’allégresse Du brave enthousiasme et de l’âpre beauté !
N1COM1SDE
(M. Albert Lambert Fils)
PRUSIAS
(M. Silvain)
ARSINOË
(Mme Dudlay)
Décor de Jambon,
Photo Félix.