LE MOIS FINANCIER




LES MINES D’OR FRANÇAISES


On sait que l’or, métal prestigieux, évocateur de tant de joies, n’est plus, depuis quelques années seulement, considéré comme l’apanage des contrées lointaines et qu’il existe en quantité dans le sous-sol de notre France.
En effet, des capitalistes avisés, assistés d’ingénieurs éminents, qui ont vu le parti que l’on pouvait tirer des ressources de notre vieux sol français, si fécond, exploitent déjà des mines d’or connues sous les noms de : la Lucette, situées au Genest (Mayenne), à douze kilomètres de Laval ; de la Bellière, situées dans Maine-et- Loire, à égale distance d’Angers, de Nantes et de Cholet, à Saint-Pierre-Montlimart, près de la station de Montrevault; du Châtelet, situées sur le territoire d Évaux-les-Bains, arrondissement d’Aubusson (Creuse).
De 1905 à 1908, les mines de la Lucette ont vendu pour : 4,463,558 francs d’or et pour 7,273,562 francs d’antimoine. Les bénéfices réa
lisés ont été pour les trois dernières années de : 3,174,867 francs.
De janvier 1907 à septembre 1909, les mines de la Bellière ont produit : 1,514 kilogr. 794 d’or. Et celles du Châtelet en fournissent 700 kilogr. environ par an.
En présence de tels rendements on ne peut que trouver des plus logiques, le mot des Anglais, si clairvoyants et si pratiques, suivant lequel ils considèrent la France comme un « nouveau Transvaal ». D’ores et déjà, d’ailleurs, des prospecteurs d’outre-Manche ne fouillent-ils pas les en
virons des gisements dont nous venons de parler, cherchant ainsi à renouveler, une fois de plus ànos dépens, l’aventure si fructueuse du Sud-Africain.
Aussi, ne faut-il pas nous laisser ravir la fortune que notre pays nous offre, et dans cet esprit devons-nous devancer la convoitise étrangère en soutenant de nos capitaux l’essor des nouvelles entreprises.
Au nombre de celles-ci, se place de suite la Société de recherches minières du Plateau Central, fondée au mois d’août 1908, sous le patro
nage du même groupe, qui, après s’être intéressé à la Lucette, s’est attaché à la mise en valeur de la Bellière.
Les noms seuls des membres de ce groupe en diront plus que tout ; ce sont ceux :
De MM. le Baron Albert de Diétrich, président du Conseil d’Administration ; Jules Strap ; Baron de Bethmann ; Dumoulin ; Max Lyon ; Chalupt, et Pinto de Araujo.
Ainsi que son nom l’indique, la Société de recherches minières du Plateau Central est une société d’études et non d’exploitation.
Son but nettement défini est d’effectuer les travaux préparatoires dans les terrains où elle possède des permis de recherches, de découvrir et de reconnaître les filons, d’en déterminer la nature et la teneur, pour transformer ensuite les permis de recherches en concessions et en effectuer la vente à des Sociétés d’exploitation.
Le capital de cette Société a été fixé à 400,000 francs, divisé en 1,600 actions de 25o fr.
Les terrains sur lesquels s’effectuent les recherches consistent en une superficie de 74 kilo
mètres carrés; ils sont situés à Vaulry et Cieux, arrondissement de Bellac (Haute-Vienne).
Jusqu’ici sept filons ont été découverts, et deux d’entre eux, entièrement reconnus et délimités, ont fait l’objet de demandes en concession.
Dans un de ces deux filons, le produit de l’or s’établit aux environs de 5oo grammes à la tonne.
D’autres découvertes, sur d’autres points,permettent de prévoir un produit de 1,000 grammes à la tonne.
La richesse des gisements du Plateau Central ne doit être pour personne un motif d’etonnement. Il est naturel que, dans cette région d’ori
gine essentiellement volcanique, les phénomènes de cristallisation se soient produits sous une forme différente de celles des régions de formation plus récente et surtout plus lente. Ceci se con
firme par le fait-que le minerai, de même nature que celui de la Bellière, c’est-à-dire un quartz mêlé de sulfure arsenical de fer ou de mispickel aurifère, offre des veines de minéralisation, beaucoup plus fréquentes et plus prononcées.
C’est pourquoi les deux filons pour lesquels une demande en concession a été récemment introduite ont d’ores et déjà fait l’objet d’offres importantes. On leur assigne une valeur de six mil
lions. Mais, comme nous le disions plus haut, sept filons ont été découverts, cinq ont leurs travaux déjà très avancés et des puits complète
ment équipés. Trois puits atteignent trente et trente-cinq mètres de profondeur. Les travaux occupent plus de cent ouvriers. L’ensemble de ces faits explique la cotation élevée des actions et des parts de cette Société en Bourse. Les actions de 25o francs valent actuellement 1,5oo francs et les parts récemment à 3.000 se négocient maintenant aux environs de 4.000 francs.
Mais il n’empêche que la Société des recherches minières du Plateau Central restée jusqu’ici avec son capital initial de 400.000 francs, insuffisant maintenant pqur continuer l’œuvre si bien commencée et prometteuse de résultats en
core plus merveilleux que ceux obtenus, s’est vue dans l’obligation de réunir ses actionnaires, qui ont décidé une augmentation de capital égale au chiffre du capital initial.
Ces actionnaires ont immédiatement donné la preuve la plus complète de leur confiance envers la Société, en souscrivant à la mise de la plupart des nouveaux capitaux.
Le porteur de deux actions anciennes peut acquérir au pair (25o francs) une action nouvelle et le porteur de cinq parts de fondateur quatre actions nouvelles.
Il réalise par là un bénéfice immédiat si l’on considère la prime dont les actions nouvelles se
ront l’objet dès leur création et qui les portera, certainement, au niveau des actions anciennes. Le porteur de deux actions actuelles qu’il aura payées i,5oo francs, soit 3,000 francs, deviendra possesseur, moyennant un nouveau déboursé de 25o francs, d’une action nouvelle qui vaudra immédiatement i,5oo francs, soit un bénéfice de
i,25o francs, abaissant le prix de revient de chaque action à 1,000 francs environ. Le porteur de cinq parts, soit 20,000 francs, acquerra,
moyennant 1,000 francs, quatre actions nouvelles d’une valeur de 5,000 francs et deviendra donc
possesseur, pour 21,000 francs, de cinq parts et de quatre actions. C’est là une opération singu
lièrement tentante et dont le profit immédiat saute aux yeux d’une façon frappante.
Aux capitalistes français, instruits par le souvenir des mines transvaaliennes, de s’en rendre compte. Au lieu de suivre bénévolement les pistes tracées par les Anglais et de les débarrasser de leurs participations en leur laissant le loisir et l’argent nécessaire pour en créer de nouvelles,
qu’ils prennent à leur tour cette initiative et marchent de l’avant. L’entente cordiale n’y perdra rien et l’épargne française non plus.
Pour tous renseignementa complémentaires,
s’adresser à M. A. Montefiore, banquier, 22. rue Chauchat, Paris.
La Bourse de Paris aurait pu, en raison de la crue de la Seine et des difficultés que nous rencontrons à boucler notre budget, nous montrer une baisse tout au moins sensible sur les valeurs directement attaquées par cet événement désastreux.
Contraiiement à cela, les cours sont restés soutenus et affermis en quelque sorte par le manque de transactions importantes.
Le groupe des fonds d’Etat se maintient et la rente 3 0/0 se rapproche graduellement du pair.
Les actions de nos grandes compagnies de chemin de fer et principalement celles du Métro
politain et du Nord-Sud, qui furent si cruellement éprouvées par les eaux, n’ont pas bronché. Ce fut là un tour de force imputable, sans aucun doute, à la finance intéressée dans ces affaires.
. Le Rio et la de Beers, est-il besoin de le dire? nous ont, comme toujours, montré les cours les plus variables.
Parmi les valeurs spéciales, les sociétés de skatings américains, si nombreuses en si peu de temps, s’en vont doucement à la débandade. L’établissement de la rue Saint-Didier et l’Hippodrome, entre autres, annoncent leur liquidation.
Quant aux multiples Sociétés de caoutchouc, elles suivent leur marche ascendante ; de nou
velles sociétés se fondent chaque jour, sans crainte de gêner les autres. Qui vivra verra !
Parmi les nouvelles affaires, nous voyons surtout celle de la Compagnie générale de l’Amérique centrale.
Il y a moins de deux ans, sous les auspices des Etats-Unis et du Mexique, les représentants des cinq Républiques de l’Amérique centrale : Guatemala, Honduras, Costa-Rica, Nicaragua, Salvador, se réunirent à Washington pour jeter les bases d’une future Union des Républiques Centre-Américaines et cette réunion aboutit, le 20 décembre 1907, à la signature, entre les cinq républiques, d’un traité général de paix et d amitié.
Que manquait-il, dès lors, au Nicaragua pour voir son sol vierge et fertile mis en valeur, ses richesses forestières et minières exploitées, sa situation géographique et commerciale de pre
mier ordre mise à profit, le tout pour le plus grand bien de ses propres nationaux ?
Que les entreprises privées, éparses, puissantes peut-être en elles-mêmes, mais distinctes, qui en avaient décidé l’exploitation, fussent réunies et liées entre elles.
En effet, si chacune des concessions et chacun des privilèges formels accordés par le gouverne
ment du N icaragua avaient, à juste titre, tenté des capitaux nécessaires à leur exploitation, il manquait la cohésion de tous ces éléments d’activité.
Leur réunion sous un même organe dirigeant devait en faire une entreprise remarquablement féconde. La diversité des exploitations faisant disparaître toutes craintes d aléas.
Pour que la réussite fût rapide et certaine, il fallait, en outre, organiser les moyens de trans
ports jusqu’aux ports naturels des côtes, amener Je la main-d’œuvre et assurer les exploitations culturales rationnelles.
C’est ce qu’a réalisé M. Deitrick qui, pendant six ans, a consacré son intelligence et d’impor
tants capitaux à constituer les bases utiles de cette sorte de trust qu’est la Compagnie générale de l’Amérique centrale.
Pour tous renseignements, s’adresser au Syndicat du Nicaragua, 3, rue La Boétie, Paris.
A. L. et J. C. Toutes communications et demandes de renseignements concernant le Mois Financier doivent être adressées à MM. Luscie7 <) Cavaillon,
56, rue Saint-Georges, Paris. — Téléphone i2 0-y6