THÉATRE SARAH-BERNHARDT




LA BEFFA


Pièce italienne, en vers, de M. SEM BENELLI ; Adaptation en vers français par M. JEAN RICHEPIN, en quatre actes


Cest un bon drame romantique. Il a le mouvement, la clarté, les adresses et les détours d’une intrigue à.la Sardou, avec je ne sais quoi de tranchant, de sommaire, de frénétique et de presque sauvage qui, naguère déjà, fit frissonner le public parisien lorsqu’on lui présenta la troupe italienne de Grasso et de Mimi Aguglia. La jeune gloire de M. Sem Benelli et son œuvre, plus truculente que lyrique, ne pouvaient souhaiter de meilleur introducteur parmi nous que M. Jean Richepin. Avec une aimable modestie, M. Richepin voulut borner son rôle à « traduire » en vers français la pièce italienne. Mais nous devons penser et tout nous porte à croire qu’il l’a enrichie, comme par mégarde, des ornements de son verbe copieux et que le créateur de Conrad le Loup s’est non seulement soumis, mais qu’il s’est ajouté à l’inventeur de Neri Chiaraman




tesi. De sorte que le drame de la Beffa nous apparaît comme un tableau sur lequel deux peintres, également prestigieux, auraient l’un après l’autre répandu les trésors de leur palette.




Haute couleur et grands sentiments, cinglantes disputes et cliquetis d’épées, de l’amour et des algarades, de beaux costumes et de beaux décors : voilà de quoi divertir plus d’un soir le public avide de trouver au théâtre une diversion violente à ses mornes soucis, à ses travaux sans gloire, à ses modestes inquié




tudes. Le décor c’est l’Italie du xve siècle, souillée de meurtres et




de luxure, où se meuvent, parmi des intrigues compliquées, des personnages cruels, sensuels et pervers, aimant ou haïssant à leur manière, qui est toujours la plus outrée, des héros en qui se réalise tout ce que l’homme peut accomplir d’insolite et de démesuré...




Giannetto Malespini, gentilhomme florentin, esprit infernal


Photo II. Manuel.
NERI CHIARAMANTESI (M. Decœur;
GIANNETTO MALESPINI (Mme Sarah Bernhardt)
THEATRE SARAH-BERNHARDT. - LA BEFFA. - Acte I«
TORNAQUINCI (M. Maxudian)
Décor de MM. Amable
Sf Cioccari.