La Vierge folle


Acte Ie*
Photo Larcher.
LA DUCHESSE DE CIIARANGE (Mmo Juliette Darcourt)
F ANN Y A H MAU R Y (M,n Berlhe Bady)
Décor de M. A omble.LE DUC DK CHA RANCE
(M. A. Calmettes)
Pièce en qaiatre actes, de 3VL üEHSTiR X B-A-T-A-ILLE Le public des premières, enthousiaste, a fait un
accueil ardent à l’œuvre nouvelle de M. Henry Bataille. Il y trouvait tout à la fois une action dramatique émouvante, rapide, ingénieuse, impressionnant ses nerfs, et une étude psy
chologique propre à satisfaire son esprit.C’est pourquoi la Vierge folle s’affirmait, dès son apparition, comme un succès exceptionnel.
L’intrigue semble, au récit, assez banale, et vaut surtout à l’analyse minutieuse et profonde des personnages. Le duc de Charance découvre, par la lecture de lettres qu’il a surprises, que sa fille Diane, exquise enfant de dix-huit ans, fut séduite par l’avocat célèbre Marcel Armaury. Et le duc, gardien sévère d’un passé d’honneur et d’un nom fameux, demande avis à l’abbé Roux. Celui-ci conseille la retraite dans un couvent, où les privations, les mortifications et l’isolement auront raison de la coupable. Diane, d’ailleurs, explique elle-même, après avoir tenté la résistance, comment elle tomba, comment les facilités d’une villégiature àDinard la firent éprise de l’avocat, homme de quarante ans, marié, grave; comment elle le revit à Paris en se cachant, et comment elle l’aime de toute son âme... La duchesse, au fond, est faible et pitoyable; le duc est autoritaire et dur. Il a mandé Madame Armaury et, brutalement, lui révèle la faute
de son mari en lui livrant ses lettres, férocement. Il accable le coupable, si bien que l’épouse, fàère et digne, doit se lever sous l’outrage......Enfin, Diane apaise scs révoltes, accepte le cou
vent, et, pour calmer les colères et les injures paternelles, dit : « J’irai ! »
Elle a son plan. Nous la retrouvons, au second acte, dans le petit appartement de garçon que Marcel Armaury occupe, quai Voltaire, pour scs rendez-vous d’affaires. Et tous deux com
binent leur départ. Car ils vont fuir. Et, se retournant vers le passé, à cette minute de décision grave, ils ne regrettent rien. Dianctle est la raison d’être de Marcel ; il lui sacrifie tout, foyer, carrière, réputation. Mais elle, à dix-huit ans, éprise d’un qua
dragénaire, peut-elle déserter ainsi sa famille, le monde, pour vivre une vie précaire? « Enfant!» dit-elle. Et blottie sur la chère poitrine, elle fait jurer à Marcel que toutes ses hésitations sont envolées et que rien, rien au monde, n’empêchera leur fuite, tout à l’heure...
Fanny Armaury, prévenue par une lettre anonyme, surprend les deux coupables. Les valises sont là, bouclées ; le trouble de son mari est flagrant. Elle enferme Dianette dans la chambre voisine et tente un dernier effort pour persuader à Marcel que son abandon est lâche, que son rapt est criminel. Tandis qu’elle lutte, le frère de Diane apparaît à son tour, pareillement avise .


THÉATRE DU GYMNASE