cière, elle a connu l’ivresse des grands succès et des gros ti
rages, mais ni les uns ni les autres ne lui ont encore tourné la tête. Ayant commencé son premier livre un jour de pluie, elle l’a continué par goût et « comme on se cueille un bou
quet ». La vogue est venue presque aussitôt, puis, au second volume, s’est fixée, sans que cette charmante femme se transformât en femme de lettres.
Des travers professionnels, elle se croit et semble in
demne. En effet, n’aime-t-elle pas bourgeoisement son mari qui le lui rend bien ? Ne se sentelle pas très heureuse auprès de ce jovial garçon, brave « gentle
man farmer » que les complicationssentimentales et la culture intellectuelle trouvent égale
ment réfractaire? Sept mois sur douze, ne vit-elle pas à la campagne entre lui... et ses autres
bêtes? Enfin, n’est-elle pas inaccessible aux petites jalousies littéraires ? Ainsi, une cer
taine Madame de Valrené vient justement de publier un livre tout à fait remarquable : eh bien, Francine, vice-présidente de je ne sais quel comité, se fera une joie de patronner cette in
connue et d’obtenir pourelle un prix. Avec cela, aucune ambi
tion personnelle : aux jeunes flagorneurs ou aux petites amies qui lui prédisent le ruban rouge dans un avenir très rapproché, elle affirme n’en pas vouloir. A quoi bon ce signe de l’honneur? Est-ce que les femmes n’ont pas « l’honnêteté, qui est moins et qui est mieux »? A ses yeux la croix n’a de prestige que sur une poitrine virile ou sur une guimpe de religieuse. « L’Empe
reur, allant distribuer au camp de Boulogne les premières dé
corations, les avait fait meure dans le casque de Bayard, non dans le soulier de Mademoiselle Georges ! » Et, sur ce thème, Francine ne tarit pas. Ses phrases trop bien tournées, ses morceaux de bravoure trahissent même une certaine préméditation. Il n’est guère que les re
nards qui fassent fi des raisins
Photo Bert,
M. ALBERT BRASSEUR
Du Théâtre des Variétés