à tour de role, s’efforcent d’accaparer sa femme. Il a fini par leur faire adopter une sorte de règlement qui le laissera, deux jours par semaine, libre avec Jeanne.
C’est au moment du lever du rideau du second acte, un de ces jours de liberté. Malgré cela, sous le plus futile prétexte, le père arrive pour apporter un coupon de loge, la mère pour re
mettre un tableau : les voilà tous les deux chez leurs enfants. Ils se rencontrent nez à nez : aussitôt ils se querellent, prenant, de leurs griefs imaginaires, leur fille et leur gendre pour témoins.
André exaspéré finit par les mettre tous deux à la porte;, l’explication qu’il a ensuite avec sa femme qui, naturellement, défend ses parents, dégénère en vivacités; ils sont, eux aussi, sur la pente du divorce, lorsque Laperche entre.
Laperche n’a pas oublié que Madame de Fiérens lui a promis sa protection ; il vient, lui troisième, la relancer jusque chez André et lui rappeler sa promesse, car il désire avancer.
On le prend, la porte à peine franchie, pour arbitre de la situation, et ce niais comique trouvera la solution du bon sens. Si M. de Ternoy et Madame de Fiérens sont toujours chez leur fille parce qu’ils s’ennuient chez eux, qu’on les y occupe et on en sera débarrassé. Le meilleur moyen c’est de les remarier. André et Jeanne trouvent l’idée excellente; Jeanne a vu la possibilité de raccommoder ce vieux ménage désuni; elle met Laperche de moitié dans son projet, et c’est lui qui propose aux deux divorcés
de reprendre la vie commune. — F ureur de M. de Ternoy et de Madame de Fiérens; fureur d’André qui espérait qu’on ne les remarierait point ensemble ; fureur de Jeanne à qui il semble que son mari en veuille de l’affection qu’elle a pour son père et sa mère.
Tout va se gâter. Mais la bonne Madame Lebrizard arrive à point. Elle force les deux enfants à se réconcilier et, sans en rien dire à personne, sans leur laisser prendre le temps de faire leurs malles, elle les fait partir pour l’Italie.
_ Enfin seuls, ils auront le temps de se connaître.
Pour compléter son oeuvre, Madame Lebrizard annonce à M. de Ternoy et à Madame de Fiérens le départ des jeunes époux ; leur stupeur n’égale que l’horreur du vide que cette fugue provoque en eux; tous deux, ils découvrent que c’est leur amour exclusif et égoïste pour Jeanne qui les a séparés. Jeanne partie, ils n’ont plus de raison de se détester et ils se réconcilient.
Cette fin d’acte contient, il faut savoir le reconnaître, des parties de juste et fine observation.
C’est de cette manière morale que se termine celte pièce qui certainement aura beaucoup de succès sur les théâtres de société dans les châteaux, cet automne: elle est convenable, elle n’a que sept personnages et elle est facile à jouer.
MAURICE DUMOULIN. Photo Paul Buyer.ANDRÉ LEBRIZARD
(M. Paul Numa)
JEANNE
(M11® Muller)
DE TERNOY
(M. Pierre Laugier)
COMÉDIE-FRANÇAISE. — LE PRÉTEXTE. — Acte II
M 10 DE FIÉ It EN S
(Mlle Rende du Minil)