pliqué. Le premier prix masculin a été dévolu à M. Gorde, un bon « élève » qui sait son métier. Sa voix est suffisante, son geste assez ample ; il est de belle taille. Il a dit, cette année, le rôle d’Oreste, des Erynnies, de Leconte de Lisle, dans la scène du meurtre de Clytemnestre. Celle-ci est très à effet. Gorde a reproduit le geste traditionnel de Taillade, créateur du rôle, qui, du poing fermé, se frappait la poitrine. Il ignore, sans doute, que ce geste, consacré aujourd’hui, est une trouvaille du hasard. Taillade, enrhumé le soir de la première représentation (février 1873), avait peine à jouer son rôle et se sentait des défaillances de voix. Très nerveux, très violent, dans un moment d’impatience fébrile, il se frappa la poitrine, à poings fermés, et de toutes ses forces, avec un mouvement de colère brutale. L’effet produit fut indicible, et le geste parut si spontané, si naturel, qu’il souleva l’enthousiasme de la salle. Le tragédien le répéta donc aux représentations suivantes. Il est devenu de tradition. La mise en scène se fait autant par les trouvailles du hasard, que par la recherche du travail. — Il n’y a pas eu de second prix — c’était justice. — Un premier accessit trop indulgent a été accordé à M. Jean Worms, le fils de... son père, le sociétaire retraité de la Comédie- Française. M. Jean Worms est monotone et sans puissance, c’est un bien pâle Xipharès (Mithridate).




Un second accessit à M. Royer, un cinématographe - phonographe de son professeur Silvain, qu’il a reproduit, non sans intelligence, dans le rôle de Marat (Charlotte Corday).




Du côté féminin, grande famine, très peu de concurrentes; en tout et pour tout, un premier prix, trop hâtif, je le crains, décerné à Made




moiselle Taillade, la fille de l’ar




tiste dont nous parlions tout à l’heure. Mademoiselle Taillade est toute jeune, elle a dix-huit ans à peine. Elle ne manque pas de qua




lités : elle a de la sensibilité, de l’émotion et le don dramatique.




Elle a joué, avec effet, le rôle de Catarina dans Angélo (la scène de l’Empoisonnement). Elle est vrai




ment superbe, cette scène, l’une des plus puissantes qu’il y ait au théâtre, bien qu’en ait pu dire Balzac, qui refusait à Victor Hugo, en i83o, la qualité de « dramatiste », car il a osé écrire ceci, le 22 mai de cette année-là : « M. Victor Hugo nous semble, jusqu’à présent, meilleur prosateur que poète, et meilleur poète que dramatiste. Il ne rencontrera jamais un trait de naturel que par hasard, et à moins de travaux consciencieux et d’une grande docilité, aux conseils d’amis sévères, la scène lui est interdite........» Comme ces choses sont amusantes à lire, à soixante-douze ans de distance !




Le concours de comédie a été d’excellente moyenne, et très supérieur, dans son ensemble, à ce que nous avons vu depuis plusieurs années. Il y à deux sujets de valeur réelle, et beau




coup de valeur relative. Je comprends l’embarras du jury, qui s est trouvé en présence d’ « égalités » entre lesquelles il était difficile de faire son choix, d’autant mieux qu’il avait à juger trente-quatre concurrents, ce qui est un bon tiers de plus que d’usage. II a fait de son mieux, et rendu, après une heure et demie d’attente, son arrêt, qui a été salué des salves prolongées




du public, les deux pouvoirs s’étant trouvés, cette fois, par rare exception, en complet accord.




Le premier prix de comédie des hommes a été décerné, à l unani




mité, à M. Brunot, un tout jeune élève, de comique fin, de verve endiablée, de gaieté communicative, qui a joué avec un effet consi




dérable, le rôle de Mascarille, des Précieuses Ridicules. C’est un comédien très fait. J’ai ouï-dire qu’il avait déjà pas mal roulé sa bosse.




Il se peut; qu’importe? ce que je sais, c’est qu’il a une voix excel




lente, sûre, bien timbrée, une bonne articulation, une nature heu




reuse, un physique éveillé, de la fantaisie, et cet accent de sincérité qui est celui des comédiens qui prennent plaisir à ce qu’ils font, ce qui est le meilleur moyen d’y inté




resser les autres. — Deux seconds prix ont été donnés à des élèves moins brillants, mais sérieux, et de consciencieux travail : M. Bacqué,


Cliché H. Manuel.
M,le foréau. — 1er Prix d’opéra-comique.


2e Prix de chant — 2e Prix d’opéra


Ai,,e blot. — 2e Prix d’opéra
Cliché II. Manuel.


Mlle vix. — 2e Prix d’opéra


Cliché II- Manuel.