ces jolis seigneurs et ces dames avenantes attendent un nouvel embarquement pour Cythère. Quand soudain, dans ce décor de toutes les grâces et de toutes les élégances, une sorte de bête fauve fait irruption, habillée de branchages, hirsute, repoussante. Et cette bête fauve est un homme. Elle le proclame très haut devant tous ces gens bien mis, un homme, leur égal, à telles enseignes qu’il récite, en vers, une page du Contrat social, -— j’allais dire à la barbe — aux perruques poudrées, des petits
maîtres, qui s’indignent à haute voix, cependant que les belles dames jouent de l’éventail pour cacher l’horreur ressentie. Seule, Pyrenna, — vous l’avez deviné, — en bonne courtisane qu’elle est, prend feu pour ce rustaud étrange qui la change de ses roucouleurs ordinaires, et demande à rester seule pour faire une déclaration à l’homme des bois, lequel, ébloui par la beauté de cette personne aimable, ne demande pas mieux que de devenir, pour un temps, l’homme des boudoirs.
Photo Paul Boyer.
Décor de M. Devred.
CALL1GE
(M. Leloir)
PYRENNA
(M11# Berthe Cerny)
PRADE LYS
(M. Jacques Fenoux)
C’est en effet, sinon tout à fait, dans un boudoir, du moins dans un cabinet de toilette très Pompadour, que le Samson de la clairière se laisse couper par la Dalila énamourée, ses cheveux « qui du fer n’ont pas subi l’affront ». Seulement, le Contrat social continue de lui tenir au cœur. Entre deux mots ardents susurrés à Pyrenna, il rêve, de faire un autre bonheur, celui du peuple. Ce n’est pas le roi qui le gênera en quoi que ce soit, car cette crème de monarque va jusqu’à prendre la peine de se déranger
pour dire à sa bien-aimée : « Faites ce que bon vous semble. Je vous serai toujours reconnaissant de ce que je vous dois d’ama
bilités dans le passé. » Et ainsi un pacte s’engage entre les deux amants avec cette formule : « Faisons une politique radicalesocialiste. » Plan auquel l’excellent souverain s’opposera d’autant moins qu’il aura le bon goût de mourir pendant l’entr’acte, laissant Pyrenna reine et souveraine de ses Etats.
Alors, changement à vue. Pyrenna n’est pas pour rien la cour.
COMÉDIE-FRANÇAISE. — LA COURTISANE. — Acte II
maîtres, qui s’indignent à haute voix, cependant que les belles dames jouent de l’éventail pour cacher l’horreur ressentie. Seule, Pyrenna, — vous l’avez deviné, — en bonne courtisane qu’elle est, prend feu pour ce rustaud étrange qui la change de ses roucouleurs ordinaires, et demande à rester seule pour faire une déclaration à l’homme des bois, lequel, ébloui par la beauté de cette personne aimable, ne demande pas mieux que de devenir, pour un temps, l’homme des boudoirs.
Photo Paul Boyer.
Décor de M. Devred.
CALL1GE
(M. Leloir)
PYRENNA
(M11# Berthe Cerny)
PRADE LYS
(M. Jacques Fenoux)
C’est en effet, sinon tout à fait, dans un boudoir, du moins dans un cabinet de toilette très Pompadour, que le Samson de la clairière se laisse couper par la Dalila énamourée, ses cheveux « qui du fer n’ont pas subi l’affront ». Seulement, le Contrat social continue de lui tenir au cœur. Entre deux mots ardents susurrés à Pyrenna, il rêve, de faire un autre bonheur, celui du peuple. Ce n’est pas le roi qui le gênera en quoi que ce soit, car cette crème de monarque va jusqu’à prendre la peine de se déranger
pour dire à sa bien-aimée : « Faites ce que bon vous semble. Je vous serai toujours reconnaissant de ce que je vous dois d’ama
bilités dans le passé. » Et ainsi un pacte s’engage entre les deux amants avec cette formule : « Faisons une politique radicalesocialiste. » Plan auquel l’excellent souverain s’opposera d’autant moins qu’il aura le bon goût de mourir pendant l’entr’acte, laissant Pyrenna reine et souveraine de ses Etats.
Alors, changement à vue. Pyrenna n’est pas pour rien la cour.
COMÉDIE-FRANÇAISE. — LA COURTISANE. — Acte II